Pendant des années, j’ai cherché une manière de donner plus de profondeur à ma compréhension de ce qu’on définissait comme étant “l’Afrique” ou le fait d’être africain. Cette aventure j’ai décidé de la mener en lançant Au Pays du BAobab.
Bientôt deux ans… Deux ans qu’Au pays du Baobab existe. Mon fil rouge se fonde sur le choix de me sources, avec principalement des auteurs africains, comme conteurs de l’histoire africaine. Mon parti prit est claire, changer le cap d’une narration dont le manque d’ancrage a faussé la véracité et créé la désunion.
Plus le temps passe, plus j’apprends et prends conscience des interactions culturelles entre les différentes populations africaines et surtout comment la désunion fraternelle a poussé à l’ébranlement du continent.
Depuis des siècles, l’effort de se retrouver, de se regrouper prend puissance dans l’esprit de chaque Africain. Aujourd’hui, c’est le moment de les appliquer aux structures qui régissent nos pouvoirs et nos sociétés.
Mais parlons du nerf de la guerre désormais: l’économie. L’émancipation politique passe par une autarcie économique dans le monde capitaliste qui nous régit. Avons-nous le choix, me direz-vous… ? Nous en ferons un prochain débat si vous le souhaitez.
En novembre dernier, j’ai passé une semaine à Durban en Afrique du Sud dans le cadre de l’Intra African Trade Fair (IATF) dont le sujet portait sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Entrée en vigueur le 1er janvier 2021, elle souhaite l’intégration régionale économique à l’échelle du continent en éliminant 90% des droits de douane et en réduisant les délais douaniers.
L’IATF est donc un événement phare pour le commerce africain car il réunit des milliers d’acteurs du commerce africain dont les Etats, les banques, les vendeurs mais aussi les acheteurs, venus des 4 coins de l’Afrique. Cet événement a aussi permis de lancer de grandes vagues d’investissements et de partenariats économiques.
Quelle a été ma reconnaissance lorsque j’ai appris qu’Au pays du Baobab avait été sélectionné dans le Youth Startup programme, en tant qu’entreprise africaine innovante. J’ai ressenti une immense joie mais surtout un doux soulagement de savoir que la culture était un élément fondamental à la cohésion économique du continent.
Je dis souvent que l’on minimise la puissance d’une culture. Certains pays investissent des millions et des milliards pour faire de leur culture et mode de vie une référence pour d’autres régions du monde. C’est ce que l’on appelle le soft-power. J’espère que cela fera naître une nouvelle réflexion dans notre esprit à tous.
Pour en revenir à l’événement, c’était l’occasion pour moi de présenter mes travaux mais surtout de mesurer la pertinence de mon projet par rapport aux réalités du continent. Partir en Afrique du Sud et rencontrer des personnes de tout le continent m’a permis de réaliser d’une part que nous avons une culture commune et l’étude de cette culture m’a permis de facilement me connecter aux autres, d’autre part que mes camarades entrepreneurs africains sont doués d’une incomparable intelligence. Pour l’occasion, j’aimerais vous en présenter quelques-uns:
- 🇳🇬Fela Buyi:
Du Nigéria, est un entrepreneur dans la fintech et le design de chaussures en matériaux recyclables. Et son ambition va bien au-delà de l’Afrique… Un entrepreneur à suivre.
Son site internet: lien
- 🇳🇦 Maria Lisa Immanuel:
De Namibie, est une artiste mais aussi une entrepreneuse dans le secteur agricole ! Vous devriez écouter son dernier album sur spotify !
Lien spotify: lien
- 🇲🇼 Tadala Mtimuni:
Du Malawi est une ingénieure biomédicale talentueuse !
- 🇰🇪 Tracey Schiundu:
Du Kenya, est à la tête de FunKe Science, une plateforme qui permet l’apprentissage des sciences aux enfants.
Son site internet: lien
- 🇰🇪 Tom Njoroge:
Du Kenya, a créé Neurolabs, une entreprise qui développe des solutions médicales en utilisant l’intelligence artificielle
Son profil LinkedIn: lien
- 🇳🇦 Fillemon lm nangolo:
De Namibie, est à la tête de Tololi, le plus grand site d’e-commerce de son pays ! Excellent en pitch et en levée de fonds ! Faites un tour sur son site !
Son site internet: lien
- 🇨🇩 Apollinaire Dialungani Muendo:
De la RDC, qui a créé la plateforme Ren’Art qui permet la digitalisation du processus de diffusion des œuvres d’art congolaises. Une manière de stimuler et de valoriser le marché d’art congolais. Vous pouvez vous-même acheter des œuvres sur son site.
Son site internet: lien
- 🇨🇩 Charmante KATUNGU:
De la RDC également, qui a développé une plateforme qui permet aux congolais de connaître leurs droits en fonction de leurs besoins. Vraiment du génie !
Son site internet: lien
- 🇧🇫 Claudette Wend-nonga SEBGO:
Du Burkina Faso qui a gardé le savoir-faire de son grand-père et de sa mère pour développer une activité de tissage de pagnes en faso danfani, un tissu emblématique de son pays.
Sa page Facebook : lien
- 🇲🇱 Aboubakar KONE:
Mon cher compatriote malien, qui s’est lancé dans la production de noix de cajou et qui parcourt le monde pour vendre sa production ! Il développe des produits de qualité qui ont un grand succès sur le marché de l’export ! Vraiment une fierté.
Son profil LinkedIn: lien
Et voici quelques exemples pour ne citer qu’eux...
Malheureusement certains n’ont pas pu nous rejoindre à cause de problèmes de Visa, un point qui a été longtemps soulevé par ceux qui ont été à Durban, tout d’abord pour dénoncer l’injustice et le manque de cohérence administrative, surtout lorsque le thème de l’IATF est la zone de libre-échange. Ainsi, comment assurer le libre-échange commercial sans garantir la libre circulation des personnes, en particulier des entrepreneurs.
Par ailleurs, j’ai noté une information pertinence que j’ai relevé lors de nombreuses conférences et discussion qui est l’agriculture comme un commerce attendu et fructueux. Effectivement je trouvais qu’il était intelligent de rappeler qu’il n’avait pas que le numérique et la tech comme facteur de progression économique et que l’agriculture était un secteur clé.
J’ai aussi constaté qu’il y avait des différences entre les business portés par l’Afrique francophone et l’Afrique anglophone, à l’exception du Cameroun. Les entrepreneurs francophones développaient beaucoup leur activité autour de l’agriculture, l’artisanat et l’éducation. l’Afrique anglophone elle, était très tournée vers la tech et la fintech. Ces différences me faisant croire qu’elles n’avaient pas les mêmes besoins et aussi… Peut-être des sols différents.
Enfin, tous les entrepreneurs ont soulevé un point fondamental dans le développement de leur activité : le financement ! Ils ont indiqué que les banques en Afrique ne sont pas très ouvertes au financement d’ ”idées” et donnent peu de crédit aux jeunes, ce qui fait que leurs activités peinent à se développer à un bon rythme. Les idées sont donc là, prêtent à s’épanouir. Elles nécessitent parfois seulement, la confiance économique st des investisseurs mais aussi des consommateurs. Figurez-vous que les start-up africaines viennent tout juste de dépasser les 2 milliards de financement en 2020. À titre comparatif, à Singapour les start-up ont levé 4 milliards…
En somme, un événement riche en rencontres et en réflexions. Mais une certitude… Que notre génération est, et sera un levier fondamental de changement du continent africain.
Sources:
- Echos, L. (2020, 10 février). Les start-up africaines passent la barre des 2 milliards de dollars levés. Les Echos Executives. https://business.lesechos.fr/entrepreneurs/financer-sa-creation/0602714652886-les-start-up-africaines-passent-la-barre-des-2-milliards-de-dollars-leves-334949.php
- ZLECAf : 100 jours après le début du libre-échange, les perspectives. (2021, 9 avril). AfriqueRenouveau. https://www.un.org/africarenewal/fr/magazine/avril-2021/zlecaf-100-jours-apr%C3%A8s-le-d%C3%A9but-du-libre-%C3%A9change-les-perspectives-semblent
- https://www.intrafricantradefair.com/fr