Article rédigé par Meriyem KOKAINA
"Je ne projette ni la guerre ni la paix. Si vous, qui avez rompu la paix, désirez la paix, j’en suis content ; si vous, qui avez commencé la guerre, désirez la guerre, je suis prêt"
Nos peuples se connaissent, se sont côtoyés. Les blancs sont venus en paix commercer. Il ne sera question que des quelques terres et minerais en échanges de fusils, alcools et produits manufacturés venant d’un pays lointain dont nous n’avons que l'écho de sa puissance et grandeur. Pourquoi en douter, avec les armes, tout va plus vite, tout est plus simple…
Les guerres fratricides pèsent : entre Nama et Hereros il y a là une vieille querelle. La solution naturelle, une paix à déterminer entre les chefs rouges. Cependant les allemands s'immiscent et propose leur « protection ». Que signifie protection? Nous protéger de qui ?
“Que signifie “protections” ? Contre quoi sommes nous protégés ? De quel danger, de quelle difficulté ou de quelle souffrance un chef peut-il être protégé par un autre? ”
La confusion est vive, mais le chef Herero, Kamahero, est réceptif à cette protection. Le traité est signé en 1889 avec le capitaine Von François remplaçant Göring pour se protéger contre les Namas, peuple voisins, peuple frère, peuple ennemi.
"Je vous le prédis, vous ne comprendrez pas le régime de Göring, vous ne serez pas satisfaits car il n’agira pas selon votre volonté, vos lois traditionnelles ou vos coutumes. "
Un mauvais présage voile le désert du Namib, que veulent les blancs ? Le Chef Nama, Hendrick Witbooi, ne cesse de mettre en garde son ancien frère-ennemi, mais en vain :
"Etes- vous toujours le chef suprême du Hereroland ? Je ne vois pas comment vous pouvez continuer à le prétendre dès lors que vous avez placé quelqu’un d’autre au dessus de vous et que vous vous êtes soumis à lui et à sa Protection. Celui qui se tient au dessus détient la suprématie;celui qui est en dessous est subordonné , car il se tient sous le pouvoir d’un autre."
Le chef Herero a choisi son camp, il signera le traité de protection avec les Allemands. Une solution qui d’après lui lui permettra d’en venir à bout de son ennemi de toujours, le chef Nama et ce malgré les tentatives de paix avec le nouveau chef Herero, Samuel Maharero, fils de Kamahero.
En parallèle, au coeur de l’Europe à Berlin, les dés sont jetés concernant le sort de l’Afrique, décortiquée et partagée entre les différentes puissances coloniales. La conférence de Berlin à parlé. L'Afrique peut dire adieu à sa liberté.
La conférence de Berlin
"J’ai entendu dire que les gouvernements allemand et britanniques avaient tenu une grande réunion pour décider qui pourrait conclure des traités de protection avec les chefs de ce pays d’Afrique, et que vous, les Britanniques, aviez laissé les Allemands prendre possession de cette terre. "
Face à l’installation invasive et les morts successifs, les chefs rouges commencent à mettre de côté leur anciennes rancoeurs face à un nouvel ennemi commun: l’Allemagne.
“De mon point de vue, les Allemands ont mis le feu à ce pays tout entier afin d’écraser le Namaqualand et le Hereroland, de prendre possession de notre terre, de nous soumettre et de nous réduire en esclavage.”
Malgré les demandes de paix des chefs rouges à l'allemand Von François, les batailles et les morts s'enchaînent. Von François sera remplacé par Leutwein qui offre pour seul solution de paix : la soumission au Kaiser allemand et au protectorat allemand.
“La paix sans une soumission explicite au protectorat allemand n’est plus possible pour vous ou pour votre peuple. Ceci est mon dernier mot sur le sujet.”
La réponse de Witbooi est sans appel : son indépendance avant tout, la soumission n’est pas une option. Malgré le blocus d’armes imposés par l’Allemagne, une guerre explose entre Leutwein et Witbooi.
Hendrick Witbooi
"Je crois que ce n’est ni un péché, ni un crime de ma part que de vouloir rester le chef indépendant de mon pays et de mon peuple. Si vous voulez me tuer pour ça, alors que je n’ai pas commis de faute, je n’y vois aucun mal ni aucune honte : je mourrai honnêtement pour ce qui m’appartient bientôt pour mon indépendance et pour mon royaume."
Sans victoire décisive, le capitaine Witbooi fini par se rendre et par signer le traité de paix en 1894. Il garde ses armes et sa juridiction sur un territoire de 20 000 km2 tout en restant le chef de sa communauté. Quand aux Hereros, encerclés par les Allemands; excédés, ils décident de se soulever. Samuel Maharero voulait joindre Witbooi à son combat en lui envoyant une lettre qu’il ne recevra jamais, interceptée par les allemands:
" Notre obéissance et notre patience avec les Allemands ne sert pas à grand-chose, car chaque jour ils abattent quelqu’un sans la moindre raison. Je vous le demande donc mon frère, ne vous tenez pas à l’écart de ce soulèvement, mais faites entendre votre voix afin que toute l’Afrique prenne les armes contre les Allemands, mourons en combattant plutôt que de mauvais traitements, de l’emprisonnement ou de quelque autre calamité ! “
En 1904, le général Von Trotha signe l’extermination des Namas, les derniers survivants sont poussés vers le désert aride. Les combattants envoyés par Witbooi pour soutenir les namas désertent et racontent les atrocités à leur chef. Le 1 octobre 1904, Witbooi rompt le traité de paix.
Il décide de mener une guerre contre les allemands où il finit par être tué. Les derniers Namas seront exilés où envoyé dans des camps de concentration sur l’île Shark non loin de Luderitz Bay...