Kankan Moussa
Est-ce qu'il te reste de l'or ?
Introduction chiffrée
Population : 19 553 397 habitants (Banque mondiale, 2020)
Superficie: 1 241 218 km² (Encyclopædia Universalis)
Capitale: Bamako
Devise : Un peuple, Un but, Une fois
Hymne national : Pour l’Afrique et pour toi, Mali, écrite par Seydou Badian Kouyaté en 1962
Date de l'indépendance : 22 septembre 1960
Indice de développement humain : 182e sur 189 pays (PNUD, 2016)
Couleur du drapeau africain : vert pour la prospérité, jaune pour les ressources en or et rouge pour le sang des martyrs.
Fierté malienne
Les premières traces de vie connues à ce jour sur le territoire malien datent de 300 000 ans, à l'ère du Paléolithique dans la vallée du fleuve Niger. Des vestiges du Néolithique montrent également qu'une civilisation humaine vivant de l'élevage et de l'agriculture était établie dans l'Adrar des Ifoghas, dans la vallée du Tilemsi et à Taoudénit entre 400 et 100 av. J.-C. La récurrence des vagues de sécheresse a poussé les populations à se déplacer vers le fleuve Niger. Cela a permis l'essor de civilisations maîtrisant davantage l'agriculture et notamment la riziculture mais aussi le travail des métaux et le développement de foyers urbains autour de la partie inférieure du delta du Niger.
Festival Dogon
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Le premier État connu à ce jour et celui de Wagadu, datant du IIIe siècle. Il se développe autour des villes de Koumbi Saleh et de Tegdaoust. Cet Empire couvrait le territoire du Mali et de la Mauritanie actuelle. Sa richesse reposait sur l'extraction de l'or, ce qui a attisé la convoitise de ses voisins notamment les Arabes, qui lancent des expéditions dès 734. L'Empire de Wagadu a été renommé "Ghana" par le géographe arabe al- Fazari à la fin du siècle dans son livre Es-masudi. Grâce au commerce trans-sahélien, les villes de Gao et Djenné se sont enrichies.
En 1076, les Almoravides régnant au Maroc lancent une vague de conquêtes sur le royaume Ghana, ce qui marque la fin de l'Empire. Les Niakhaté, descendants des vassaux des empereurs du Ghana, vont s'installer au Kingui, où ils forment un royaume dont la capitale sera Diara. Les Doucouré s'installent quant à eux au Bakhounou et sur le futur site de Nioro. Les Kagoro émigrent du Ghana vers le Mandé. Puis les Dogon trouvent pour nouvelle terre d'accueil la falaise de Bandiagara.
L'islam se développe dans la région au XIe siècle. La ville de Tombouctou est fondée par les Touaregs Magcharen.
En 1180, la dynastie des Kanté remplace celle des Diarisso. Le règne de Soumaoro Kanté débutera en 1200 jusqu'à son apogée, puis suivi de sa chute en 1235.
La grandeur des Empires
L'Empire du Mali (XIIIe-XVIe s.)
Les faits rapportés par plusieurs explorateurs arabes, dont le célèbre Ibn Battûta décrivent la ville de Gao (ou KawKaw) comme :
“Une grande ville au bord du fleuve, la plus belle ville de Noirs, la plus grande et la plus riche.”
La grandeur de l’Empire du Mali, s’étendant du Sahara à la région préforestière et de l'océan Atlantique jusqu'à la Boucle du Niger, tient à sa beauté, et à sa richesse. Elle le doit aussi à la figure légendaire de son fondateur, Soundiata Keïta dont les épopées sont contées dans la tradition mandingue qui décrit ses exploits militaires tels que la grande bataille de Kirina en 1235 où il a vaincu son rival Soumaoro Kanté.
Cet empire s’est doté d’une constitution, dite la Charte du Manden ou Charte de Kurukan Fuga, classée depuis 2009 au patrimoine mondial de l’UNESCO car considérée comme pionnière dans la reconnaissance des droits de l’Homme.
www.unesco.org
Soundiata Keïta, grâce à la maîtrise des routes trans-sahariennes et du commerce de l'or, étend son empire jusqu'à l'Atlantique. À En étant à la tête d'une administration décentralisée, il prend le titre de Mansa (roi). À sa mort, le pouvoir se partage entre ses fils : Mansa Oulé Keïta (qui lui succède de 1255 à 1270), Ouati Keïta (de 1270 à 1274) et Khalifa Keïta (de 1274 à 1275).
L’Empire, désormais islamisé, s’étend et atteint son apogée. Au XIVesiècle, il est la première puissance régionale. L’or coule tellement à flots que lors du pèlerinage à la Mecque du roi Kankou Moussa en 1324-1325, les cours de l'or baissent sur la route de son voyage laissant au Caire le souvenir “d’une piété et d’une ostentation toutes sultaniennes”.
Représentation de Mansa Moussa dans l'Atlas Catalan.
En 1352-1353, le roi Souleymane, frère de Kankou Moussa, reçoit l’explorateur marocain Ibn Battûta que la richesse du royaume émerveille. Des érudits du monde entier viennent à sa cour pour développer leurs sciences. À la mort du roi en 1360, de nombreuses querelles de succession affaiblissent l’empire. Les vassaux proclament leur indépendance. Gao et Djenné se détachent. La dynastie des Diawara à Kingui également, tandis que Sonni Madogo, le roi du Gao, attaque le Mali. Un royaume peul est fondé dans le Macina. Enfin, des groupes touaregs et mossi se rebellent aux environs de Tombouctou.
L'Empire songhaï
(XVe-XVIes.)
Cet éclatement donnae lieu à l’émergence d’un nouvel empire, l'Empire Songhaï, dont la prospérité repose sur le commerce trans-sahélien et qui permet le développement de grandes villes musulmanes comme Tombouctou, Gao, Djenné... À sa tête, la dynastie Sonni, dirigée par Sonni Ali Ber (1464-1492). Celui-ci réussit à réunir sous son autorité les anciens territoires éclatés de l'Empire du Mali, du Massina, des Dogon et des Touaregs. Lui succède la dynastie musulmane des Askia de l'Empire Songhaï. De 1493 à 1529, Askia Mohammed permet à l'empire de connaître son apogée grâce à un rayonnement culturel, un pouvoir politique et militaire stable et un système fiscal efficace. Il fait de l'islam la religion officielle à son retour de pèlerinage, en 1495. Il est à l'origine du tombeau des Askia à Gao. En 1549 débute le règne d'Askia Daoud, période durant laquelle le pouvoir va commencer à se fragiliser.
La richesse contée est tellement inégalée qu’elle attise les convoitises, notamment celle du Sultan du Maroc, Moulay Ahmed al-Mansour, qui lance en 1590 une expédition pour conquérir l’Empire songhaï et contrôler ainsi les sources d'or. L'armée songhaÏ sera vaincue par les Marocains lors de la bataille de Tondibi.
Cette conquête déstabilise fortement l’empire, qui se scinde alors en plusieurs mouvements indépendantistes dans un contexte d’anarchie générale, à la fin du XVIIe s.
Les royaumes bambara
Face au désordre, le Royaume de Ségou (bambara), n’a pas de fortes difficultés à émerger. Il est dirigé par la dynastie des Coulibaly avec Biton (Mamary) Coulibaly puis par la dynastie des Diawara. Leur prospérité est fondée sur le commerce, l’agriculture et les conquêtes. La capitale du royaume est établie à Ségou et une conquête victorieuse permettra d'y inclure le Macina, Djenné et de Tombouctou.
Le royaume Bambara est également confronté à l'émergence de la Diina, l'empire peul du Macina de Cheikhou Amadou, fondé en 1818. La Diina est une organisation formée par une centaine de marabouts qui mettent en place une organisation administrative, commerciale, agricole, éducative et militaire tournée vers la guerre sainte.
L'Empire toucouleur
El Hadj Oumar Tall, un chef peul originaire du pays Toucouleur, part se former pendant dix-huit ans à l'étude de l'islam en Afrique du nord, au Moyen Orient ainsi qu'au Nord du Nigéria dans le califat de Sokoto . Avec Mohammed Bello, le fils d'Ousman Dan Fodio, il apprend les techniques du djihad. Il parvient progressivement à réunir une armée redoutable. Il lance une offensive contre les royaumes bambara de Kaarta et Ségou. En 1861, la ville de Ségou est assiégée.
El Hadj Oumar Tall
Grâce à l’élevage (de bovins particulièrement) et à l’agriculture, le royaume se dynamise et s’enrichit. En 1862, El Hadj Oumar Tall lance une attaque contre les Peuls au nom de la guerre sainte. Il s’empare ainsi de la ville de Djenné. Cependant, il n’arrive pas à pacifier le pays et les révoltes peules se renforcent. Il n’a d’autre choix que de s’exiler dans les grottes isolées de Deguiembéré, en pays Dogon, où il meurt en 1864.
Son fils, Ahmadou Tall ne parvient pas à stabiliser l'Empire toucouleur, vaste et décentralisé. C’est dans ce contexte que la conquête coloniale s'empare du Mali en 1893.
Histoire Coloniale
En 1854, Louis Faidherbe, militaire français et administrateur colonial, souhaite étudier la question d’une voie commerciale du Sénégal au Niger, au travers du programme de la marche au Soudan. À cette époque, les Toucouleurs ont gagné la guerre contre le royaume Bambara et sont en conflit avec les Peuls dans le Macina. Le projet commercial n'avançant pas, Faidherbe se retire.
Pendant la campagne de Gustave Borgnis-Desbordes, de 1881 à 1883, ce dernier mène une guerre contre les Toucouleurs.
À l'époque, le principal opposant à la conquête coloniale est le chef malinké Samory Touré, à la tête d'un vaste territoire incluant le Mali, la Guinée, la Côte d'Ivoire et la Sierra Leone actuels. Son empire, en pleine expansion, l'amène à se confronter aux Européens venus conquérir les terres africaines, suite à la conférence de Berlin. Samory Touré, afin de les contrer, décide de créer des coalitions avec les royaumes voisins, notamment celui de Sikasso. Néanmoins ces derniers vont conclure un traité en 1889, dit de Niakha. Malgré sa volonté, les coalitions ne fonctionnent pas et le rapport de force lui est défavorable. Il finit par être capturé par les Français et exilé au Gabon où il meurt en 1900.
L'Empire Toucouleur, sous Ahmadou Tall, passe également sous protection française par le traité de Gouri, le 12 mai 1887.
Suite à la campagne de Louis Archinard qui s’empare de Djenné, l'Empire devient le Soudan français et intègre les colonies françaises le 27 août 1892.
Un système colonial est alors mis en place, au sein duquel les chefs opposés à la présence étrangère sont remplacés par des chefs locaux protégés par la France, ou par des résidents français.
Jusqu’en 1947, la colonie change plusieurs fois de nom, du Haut-Sénégal-Niger jusqu'a redevenir le Soudan français en 1920. Ce dernier fera partie de l'Afrique-Occidentale française (A.-O.F). Puis en 1946, il est intégré à l'Union française.
Le 18 novembre 1945, Fily Dabo Sissoko est élu député du Soudan français à l’Assemblée constituante française. Il est à la tête du Parti progressiste soudanais (PSP), qui a la sympathie des ruraux, des “élites occidentalisées” et des chefs de canton. Néanmoins, le 31 mars 1957, l’Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain (US/RDA) de Modibo Keïta gagne les élections contre le PSP.
Le 14 janvier 1959, une assemblée constituante fédérale constituée de délégation de la Haute-Volta, du Dahomey, du Sénégal et du Soudan français se rassemble pour former ce que l’on nommera la fédération du Mali. À sa présidence, Léopold Sédar Senghor et Modibo Keïta, chef du gouvernement fédéral.
Le 20 juin 1960, l’indépendance de la fédération est proclamée à Dakar. Sa capitale sera Bamako.
Le 20 août de la même année, suite à des désaccords pour la présidence, le Sénégal se retire de la fédération.
Le 22 septembre, la République soudanaise proclame son indépendance sous le nom de République du Mali avec à sa tête, le président Modibo Keïta.
La République du Mali
Le président Modibo Keïta est à la tête de la première République malienne jusqu'en 1968. ll établit un régime socialiste avec un plan quinquennal privilégiant l’agriculture. Les résultats étant peu probants, les manifestations d’opposants se multiplient. Fily Dabo Sissoko et Hammadoun Dicko, des opposants, sont envoyés dans des camps à Kidal, où ils meurent. Par ailleurs la situation économique dégradée, les pénuries alimentaires et les répressions entraînent un coup d’État militaire le 19 novembre 1968 mené par Moussa Traoré le , alors âgé de 32 ans. Modibo Keïta est à son tour déporté à Kidal et mourra en 1977.
En 1974, une nouvelle constitution est adoptée avec 99 % des voix, lors d'un référendum. La conjoncture économique mondiale est défavorable à cause des chocs pétroliers, de la chute des cours des matières premières et d'une mauvaise gestion des budgets internes, ce qui fragilise la situation économique du pays. L’épisode de grande sécheresse de 1972-1973 provoque une crise humanitaire. En parallèle, le retour au FCFA par l’intégration à l’UMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) et l'abandon du franc malien diminuent de moitié le pouvoir d’achat des Maliens, en 1983. L’année précédente, en 1982, le Mali signe avec le FMI des accords qui lui imposent l’austérité, ce qui plonge l'État dans une situation catastrophique, les salaires n'étant plus payés. Dès lors, une série d’insurrections et de manifestations réprimées s'enchaînent.
Les 22 et 23 mars 1991, les habitants de la capitale marchent dans la rue pour destituer Moussa Traoré. Des balles réelles sont tirées au milieu de la foule, provoquant des centaines de victimes. Le président est arrêté le 26 mars par des officiers qui forment le Conseil de Réconciliation nationale (CRN) et le Comité de Transition pour le salut du peuple (CTSP), avec à sa tête le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré, dit ATT.
Une troisième république voit le jour en 1992, suite au vote d'une nouvelle constitution instaurant le multipartisme. De plus, le Pacte national du 11 avril 1992 tente de rétablir la paix et envisage un développement équitable.
En 1992, après un coup d’État mené par Amadou Toumani Touré (ATT), de nouvelles élections sont mises en place et Alpha Oumar Konaré est élu président. S’en suit néanmoins une longue phase de turbulences. De 1995 à 1997, l’État a bénéficié d’une forte stabilité qui a permis au gouvernement de lancer des projets d’infrastructures et de monuments dédiés aux grandes figures de l’Histoire du Mali, dont notamment celui aux "martyrs du 26 mars 1991”.
En 2002, l’ancien militaire ATT est élu avec 64,3 % des voix contre son adversaire Soumaïla Cissé, qui récolte quant à lui 34,6 % des voix.
En 2012, après la chute du régime Kadhafi, les attaques rebelles se multiplient dans le Nord Mali. Le 22 mars, le groupe touareg du MNLA (Mouvement nationale de libération de l'Azawad) revendique l'indépendance de l'Azawad, correspondant à la partie nord du pays. Les forces rebelles venues de Libye se retrouvent au Mali, ainsi que des groupes terroristes proches d'Aqmi. Face au manque de moyens, les militaires maliens, sous la direction du capitaine Amadou Sanogo, lancent un coup d’État contre ATT, alors qu'il arrive à la fin de son mandat. Débute alors une longue période d’instabilité au Mali.
En 2013, le président Ibrahim Boubacar Keita (IBK) est élu après Dioncounda Traoré, qui a assuré l’intérim de la présidence. IBK arrive au pouvoir dans un contexte de crise. En addition au coup d'Etat, l'insurrection des populations touaregs se renforce. Elles réclament l’indépendance du Nord Mali et le renomment Azawad. Les groupes de terroristes se multiplient dans une région que l'État malien n'arrive ni à maîtriser ni à protéger.
La même année, la crise malienne pousse l’Union africaine à créer le Processus de Nouakchott regroupant l’ensemble des États partageant le territoire sahélien, pour répondre collégialement à la menace djihadiste, mais aussi à la promotion du développement de la région. Faute d’actions et face à une menace grandissante sur le territoire malien, la France intervient en 2014, avec l’opération Serval et repousse la menace terroriste. Elle amorce à sa suite l’opération Barkhane, dédiée à lutter contre la menace terroriste au Sahel.
Ministère des armées - Opération Servale
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Aujourd’hui, la situation sécuritaire au Mali reste critique et les attaques terroristes ne cessent de se multiplier. Le G5 Sahel, coalition de cinq États sahéliens (Mali, Burkina Faso, Niger, Mauritanie, Tchad) souhaitant lutter ensemble contre la menace terroriste par le développement de la région, est décrit comme inefficace. Il est aussi reproché au gouvernement malien d’être démissionnaire dans la gestion sécuritaire du pays et une défiance des populations gagne du terrain provoquant, des conflits au sein des habitants.
Le 25 juin 2019, le Mali fait appel au FMI pour financer un programme économique de 200 millions de dollars. Reste à voir si le gouvernement pourra le déployer et éviter ainsi de subir un plan d’austérité qui plongerait le pays dans une crise globale sans pareille.
La dégradation généralisée de l'État malien, tant au niveau économique et social que sécuritaire, ainsi que l'apparent désintérêt des autorités et du pouvoir face à la situation augmentent le sentiment de déception et d'exaspération chez les Maliens. D'une part, des scandales de corruption jaillissent de tout côtés accusant le pouvoir. D'autre part, depuis le début des affrontements en 2012, les pertes au niveau des contingents maliens sont très élevées. Le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) appelle à manifester contre le système. Le 10 et 11 juillet 2020, les manifestations dégénérèrent à Bamako provoquant 23 morts et 150 blessés. Des hommes politiques sont arrêtés, avant d'être relâchés quelques jours plus tard.
Une médiation menée par la CEDEAO tente d'apaiser les manifestations et les tensions politiques. Cependant, un mois plus tard, les 12 et 17 août les manifestations reprennent de plus belle exigeant la démission d'IBK. Le 19 août, les militaires putschistes annoncent la création du Comité national pour le salut du peuple (CNSP). Le colonel Assimi Goïta annonce être à la tête de ce comité, peu de temps après avoir fait une annonce télévisée.
La réaction de la communauté internationale ne tarde pas et tout le monde prend une maline liberté à juger de la légitimé de l'acte citoyen. L'Union Africaine, la France et la Russie condamne l'acte et les Etats-Unis suspendent leur aide militaire. Les pays de la CEDEAO, quant à eux, décident de fermer leurs frontières.
Le 19 août, le Conseil de sécurité de l'ONU se réunit en urgence au sujet de cette crise malienne. La même journée, l'Union africaine suspend l'adhésion du Mali et le président français, Emmanuel Macron, demande que le pouvoir soit rendu aux civils. Le 25 août, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) suspend également le Mali de ses instances.
Mali : vives tensions lors de la manifestation contre le président IBK
France 24 - le 10 juillet 2020
La négociation pour assurer une transition démocratique est menée avec la CEDEAO, qui souhaite que le gouvernement soit composé de civils et non de militaires. Finalement, les conclusions seront que la période de transition durera 18 mois avec des militaires. Bah N'Daw est désigné président de transition et Assimi Goïta vice-président. Ceux-ci prêtent serment le 25 septembre. Le 27, Moctar Ouane est nommé Premier ministre. Il prend ses fonctions le lendemain. Ces gouvernants ne pourront pas se présenter aux élections présidentielles, à la fin de la transition. Le 7 octobre, les sanctions contre le pays sont levées par la CEDEAO.
Économie
Le Mali jouit d’une croissance forte, aux alentours de 5,4 % ( Banque africaine de développement, 2017). Cependant, étant encore en transition démographique, celle-ci reste insuffisante pour bénéficier à l’ensemble de la population.
Une croissance démographique certes soutenue, mais les deux tiers de la population vivent en zone rurale. De plus, un Malien sur deux a moins de 15 ans et deux Maliens sur trois ont moins de 25 ans.
Fleuve Niger-Bamako
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Avec les différents régimes que le Mali a connus, plusieurs politiques économiques se sont succédés. Avec Modibo Keïta, c'est d'abord une politique de planification soviétique jusqu’en 1968. Moussa Traoré choisit ensuite la mise en place d’une économie mixte qui entraîne un fort endettement, dont découlera un plan d’austérité imposé par le FMI et la Banque mondiale. À partir de 1992, l’économie devient libérale et l’État se désengage de nombreuses activités.
Aujourd’hui, l’économie malienne est à 40 % portée par l’agriculture, 20% par l’industrie, essentiellement liée à l’égrenage du coton, le reste étant des services. Notons que l’extraction de l’or représente aujourd'hui près de 8,4 % du PIB. Cette ressource est exploitée par des entreprises occidentales sous forme de joint-venture. En parallèle, l’activité informelle représente entre 40 et 75 % du PIB.
La richesse des sols au Mali est importante et fait l’objet de nombreuses convoitises...
Politique extérieure
Le Mali fait partie de plusieurs organisations régionales et internationales.
Au niveau du continent, il est membre de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA), de l’Union africaine, de l’ONU, du FMI…
Le régime de Kadhafi investissait énormément dans l'économie malienne. La Libyan African Financial Investment Compagny (LAAICO) a notamment investi environ 230 millions d'euros au Mali. Les rénovations des hôtels Laico Bamako et Azalaï Tombouctou ont été réalisées grâce aux fonds libyens. De plus, Kadhafi investissait dans l'agriculture. Après la chute du régime libyen, ces investissements se sont brusquement arrêtés. Malheureusement ,cela a créé une dépendance financière du Mali face à son partenaire. Beaucoup de Maliens ont perdu leur emploi et de nombreux chantiers de construction ont été stoppés.
En 2013, le Mali a formé le G5-Sahel avec 5 États de la bande sahélienne. L’objectif de cette coalition est de lutter contre les menaces terroristes qui sévissent et de développer la région pour améliorer les conditions de vie de ses habitants. Cependant, depuis son lancement, les résultats peinent à apparaître.
Arts
Qui de mieux que les artistes, penseurs, écrivains, chanteurs, photographes et artistes pour porter et vivre avec passion l’identité malienne ? Certains sont connus à l’échelle internationale, d’autres continuent de rêver d’un Mali libéré de ses doutes, blessures et frustrations.
Depuis des siècles, l'art fait partie de la vie quotidienne des Maliens. La vie d'aujourd'hui, d'hier et de demain est chantée. Grâce aux griots, essentiels à la construction de l'identité malienne, la mémoire collective est maintenue grâce à cet art.
Toumani Diabaté
Les rythmes sincères et passionnés, animés par une mélodie de balafon, instrument malien aux airs de xylophone, ont porté nombre de compositions musicales de la diva Oumou Sangaré, de Salif Keita, d'Amadou et Mariam, de Mokobé (décoré en tant que Chevalier de l'Ordre national du Mali en 2009), ou encore le jeune Sidiki Diabaté, dont le père Toumani Diabaté est connu comme le meilleur interprète de kora au monde (sorte de harpe africaine aux sonorités enivrantes).
Les Maliens sont aussi de grands fans de salsa. L'un des pionniers de ce genre musical, ayant fait ses écoles à Cuba, n'est autre que le maestro Boncana Maïga, à la tête du très connu groupe musical très connu "Las maravillas de Mali"
Le quotidien des maliens resplendit également dans le travail photographique internationalement reconnu de Malick Sidibé, de Seydou Keïta ou encore Fatoumata Diabaté.
Couple de danseurs africains - Malick Sidibé
Leurs photographies en noir et blanc ou en couleurs ont fait le tour du monde.
Un travail extraordinaire sur les tresses des filles et femmes du Mali a été réalisé par Youssouf Sogodogo, lequel à souhaité retranscrire l'art et le langage des tresses de cheveux. À ce sujet, Amadou Chad Touré disait :
“La tresse est une pratique très ancienne, dont les origines sont difficiles à établir. S’arranger les cheveux peut être simple, se les tresser est ingénieux. Les tresses sont une parure inventée pour la beauté de la femme, toujours, et de l’homme, parfois”
Littérature
De nombreux écrivains maliens ont universalisé la culture malienne par leurs écrits. Il sera d'usage de commencer par les anciens qui ont permis de mettre sur papier les traditions et récits de l'oralité malienne. L'écrivain Massa Makan Diabaté, issu d'une famille de griots, a remporté le Grand prix littéraire d'Afrique noire en 1971 pour Janjon et autres chants populaires du Mali, qui s'inspire de chants remontant à l'époque de Soundiata Keïta. Avec sa trilogie, Le Lieutenant de Kouta , Le Coiffeur de Kouta , et Le Boucher de Kouta il a obtenu en 1987 le Grand prix international de la Fondation Léopold Sédar Senghor.
L'homme politique Fily Dabo Sissoko, à travers ses nombreux romans, dont La passion de Djimé nous raconte les traditions orales maliennes.
Amadou Hampâté Bâ, quant à lui, se présente comme un défenseur des traditions orales ouest-africaines. Il publie des livres d'anthropologie comme l'Empire Peul du Macina ainsi que des contes peuls et surtout ses mémoires dans Amkoullel l'enfant peul et Oui mon commandant qui sont devenus des classiques de la littérature francophone ouest-africaine. Il a marqué les esprits et les générations par son grand esprit humaniste, croyant en la capacité de l'humain à construire un monde de paix et de tolérance.
Nous retenons également Moussa Konaté, considéré comme le meilleur représentant de la littérature de son pays, dont les œuvres les plus connues sont La Malédiction du lamentin, L’Empreinte du renard ou encore L’Afrique noire est-elle maudite?
Les femmes maliennes sont également représentées dans la littérature. Nous pouvons citer l'autobiographie de la sage-femme et militante politique Aoua Diallo Keïta appelées Femme d'Afrique: la vie d'Aoua Keita racontée par elle-même. Aïda Mady Diallo publie quant à elle en 2002 Kouty, mémoire de sang afin de dresser un portrait de la situation des femmes dans son pays. Adame Ba Konaré, ancienne première dame du pays, a dirigé la rédaction d'un ouvrage dédié à la remise à niveau des connaissances historiques sur l'Afrique pour le président français Nicolas Sarkozy (à la suite du discours de ce dernier en 2007 à Dakar) intitulé Petit précis de remise à niveau sur l'histoire africaine à l'usage du président Sarkozy.
Le meilleur souvenir de ma vie en compagnie d'Aminata Dramane Traoré
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Auteure engagée, Aminata Dramane Traoré dénonce en 2002, dansLle Viol de l’imaginaire, les mécanismes privant l’Afrique de ses ressources financières, naturelles et humaines. Ousmane Diarra, inspiré par des contes traditionnels mais aussi de part la situation politique du pays, écrit Pagne de femme, en 2008 et La route des clameurs en 2013. Mohamed Amara, sociologue et auteur du Mali rêvé nous fait partager ses frustrations, mais aussi ses rêves pour le Mali d'aujourd'hui et de demain
Sources :
- Adame BA KONARÉ, Alpha-Oumar KONARÉ, Les grandes dates du Mali, Cauris livres, 2019.
- Amadou Hampâté BA, Aspects de la civilisation africaine : personne, culture, religion, Présence Africaine, 1993.
- Amzat BOUKARI-YARABA, Mali, De Boeck, 2014.
- Patrick GONIN, Nathalie KOTLOK et Marc-Antoine PÉROUSE DE MONTCLOS (dir.), La Tragédie malienne, Vendemiaire, 2013
- Doumbi FAKOLY, Le Mali: 50 ans après: de Modibo Keïta à Amadou Toumani Touré, Menaibuc, 2010.
- Doumbi FAKOLY, Hamidou MAGASSA, Ciré BÂ et Boubacar DIAGANA, L'occupation du nord du Mali, La Sahélienne, 2012. Fakoly, D., Magassa, H., Bâ,C., et DIAGANA,B., L'occupation du nord du Mali, La Sahélienne, 2012