Un pays millénaire en pleine renaissance
የአንድ ጊዜ ትኬት
Introduction chiffrée
Population: 105 millions (2017)
Superficie: 1 104 300 km²
Capitale: Addis Abeba
Langue(s) officielle(s): amharique, anglais, arabe, oromo (langue régionale officielle), tigrinya (langue régionale officielle)
Monnaie: le birr éthiopien ; 1 € = 32 ETB (juillet 2019)
Fête nationale: 28 mai (chute du régime du Derg en 1991)
IDH: 0,463 (211e)
Drapeau: Le vert représente l'espoir et la fertilité du terre, le jaune symbolise la justice et l'harmonie, tandis que le rouge représente le sacrifice et l'héroïsme dans la défense de la terre, le bleu du disque symbolise la paix et le pentagramme représente l'unité et l'égalité des nationalités et des peuples d'Éthiopie
Hymne : Wedefit Gesgeshi Woude Enat Ityopya (Amharique: ወደፊት ገስግሺ ውድ እናት ኢትዮጵያ; Marche vers l'avant, chère Mère Éthiopie) est l'hymne national éthiopien. Il a été écrit par Solomon Lulu Mitiku et la musique composée par Dereje Melaku Mengesha. Il a été mis à place après la chute du régime du Derg en 1992. Cet hymne remplace l’ancien intitulé Ityopya, Ityopya, Ityopya qidemi.
Lucy, première reine d'Ethiopie, première reine d'Afrique
Il y a 3 millions d’année, Lucy, une hominidé de sexe féminin marchait paisiblement sur une terre qui aujourd’hui porte le nom d’Ethiopie. Cette terre, depuis, est considérée comme berceau de l’humanité.
Les premiers villages Éthiopiens ont vu le jour aux alentours de 5000 ans av JC en même temps que la domestication des céréales en Egypte méridionale estimée à 4500 ans av JC près du Nil. Ils auraient survécu avec l'élevage de bétail avant les céréales, ce qui correspondait plus à leur mode de vie nomade.
Pendant longtemps, dans l’histoire de l’humanité, le Sud de l’Afrique constituait un mystère. Au 15e siècle av JC, la reine égyptienne Hatshepsout a lancé une expédition commerciale vers le pays de Pount appelé également “ le pays des Dieux”. La pays de Pount reste difficile à définir à ce jour mais on lui trouve une potentielle origine autour du détroit de Bab el Mandeb ainsi qu’aux alentours de la Somalie, le Soudan et l'Erythrée actuels. Cette expédition a permis le commerce de nombreuses marchandises exotiques et luxueuses : or, ivoire, épices, animaux domestiques et même des esclaves.
A partir de l’an 4000 av JC, des populations d’Arabie seraient venues en Afrique à travers Bab el Mandeb. Les anciens Arabes du sud ont utilisé leur écriture, découlant de l'alphabet cananéen qui a évolué en Syrie et Palestine 2000 ans av JC. Ils ont laissé de nombreuses inscriptions sur les pierres qui rappellent l’histoire de plusieurs royaumes : Quataban, Saba, Himyar, Hadramaout, Main, etc.
A 40 kilomètres d’Axoum, dans la ville de Yeha, on retrouve un temple construit en pierre, similaires à des constructions au Yémen avec des inscriptions sud-arabiques. On dit que Yeha aurait été la capitale du royaume DMT (prononcé Diamat ou Damot) qui aurait précédé l’Empire d’Axoum.
Le Royaume d'Axoum
Le prophète perse Mani qui vivait au IIIe siècle ap JC dit :
“Il y a 4 grands royaumes sur terre: le premier est le royaume de Babylone et de Perse; le second le royaume de Rome; le troisième est le royaume des Axoumites; le quatrième est le royaume de Chine”
#Respect
Les descriptions de l’empire d’Axoum par les européennes reflètent leur émerveillement face à la magnificence des lieux. Le père Francisco Alvares dans son récit Le prêtre Jean des Indes y décrit en 1520 :
“La région entière est cultivée et remplie d’animaux domestiques; On y trouve une belle ville appelée Aquaxumo”.
Le navigateur grecque Agatharchides de Cnide décrit dans un carnet de voyage intitulé Les périples de la mer d’Erythrée (à l’époque comprend la mer rouge, l’océan indien, le détroit d’Ormuz et le golfe persique) le système politique en Ethiopie où le roi de l’époque Zoskalès est décrit comme “pointilleux au sujet de ses possessions et toujours prêt à acquérir de nouvelles terres, mais par ailleurs, une excellente personne avec une bonne capacité à lire et écrire le Grec”.
Potentiellement, le Roi Zoskalès était un des premiers roi d’Axoum. Le fait qu’il parlait grecque montre l’intensité des échanges commerciaux à l’époque.
Henry Salt décrivait dans un de ses récits les obélisques en granites les l'Église d’Axoum.
“ Il mesure environ 80 pieds de hauteur. Il est fait d’un seul bloc de granite, curieusement sculpté et de bonne proportion. Mon attention s’est fixée un long moment sur ce magnifique et extraordinaire monument “.
Aujourd’hui ces obélisques impressionnent toujours car restent un mystère architecturale. La plus haute fait 33 m de haut. On estime qu’elles pourraient être des monuments funéraires avec des tombes à leur pieds. On estime qu’elles auraient été construire 3 siècles av JC.
Axoum était le coeur commercial de la région . On y trouvait de tout, en particulier, des produits exotiques dont de l’ivoire de grande qualité très prisé qui venait très certainement d’Afrique Sub-saharienne.
Une monnaie a été frappée pour la première fois sous l'empereur Endubis vers 270 ap JC, plus d’un demi-siècle avant l’adoption de la loi chrétienne par l’empereur Ezana. Les empereurs qui ont succédés Endubis, ont continué à frapper des pièces d’or, d’argent et de bronze.
Ezana est le premier empereur à adopter le christianisme dans la troisième décennie du IV e siècle ap JC. Frumentius, désigné par la tradition ecclésiastique éthiopienne du nom d’Abouna Selema Kesata Berhan (père de la paix, révélateur de la lumière), devient le premier évêque d'Ethiopie consacré par le patriarche d’Alexandrie.
La principale Église de Debre Damo, le monastère le plus ancien d’Ethiopie datant du VIe siècle reflète le style axoumite, avec ses colonnes en bois et sculptures d'animaux sauvages et domestiques. L'Église éthiopienne est restée monophysite. La nomination de son chef a continué de dépendre de l’Eglise copte d’Egypte jusqu’au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale.
Parmi les langues les plus répandues le guèze, une langue sémitique fondée à partir de plusieurs influences régionales. Elles présente la particularité de ne pas comporter de voyelles dans son alphabet.
Au VIe siècle, le règne de l’empereur Kaleb marque la fin de l’expansion de axoumite.
Tout commence lorsque l’empereur byzantin Justin écrit à Kaleb pour lui demander une aide d'urgence pour protéger les chrétiens du Yémen. Alors qu’il préparait une expédition, le roi De Himyar, Dhu Nuwas, ordonna un massacre des chrétiens de Najran. En 525, Kaleb renversa et tua Dhu Nuwas. Sumyafa Ashwa, un roi chétien, devient gouverneur. Sumyafa est renversé par un général axoumite Abreha. Ce dernier n'accepta plus la domination de Kaleb. Une guerre s’en suit. Selon les traditions, Kaled fini par abdiquer et envoya sa couronne à Jérusalem. Après Kaleb, 8 souverains se sont succédés.
En 570, l’empire Axoumite connaît l’essor de l’Islam avec le prophète Mohammed. Lorsque Mohammed rentra en conflit avec les Quraysh qui avaient la garde du la Kaaba (la pierre noire), lieu le plus sacré à la Mecque, certains de ses partisans sont allés se réfugier au royaume d’Axoum. Il leur conseilla “ Si vous partiez pour l’Abyssinie, ce serait mieux pour vous en attendant que Dieu éloigne votre désarroi, car là-bas le roi ne tolère pas l’injustice et c’est un pays amical”. Depuis l'Islam s’installa dans les régions côtières et depuis est resté dominant.
On accorde à l’empereur Del Naod, dernier de la lignée salomonienne la fondation du monastère de Debre Egziabeher sur une montagne. Il aurait été renversé par la reine Gudit, qui provoqua la chute de l'Empire Aksoumite. Elle fonda la dynastie Zagwé et régna durant 40 ans.
Plusieurs souverains se sont succédés au sein de cette dynastie mais 4 d’entre eux ont générés nombreuses chroniques: Yimrahna Kristos, Lalibela, Na’akouto La’ab et Yetbarek.
Beaucoup de légendes ont été crées autour de Lalibela. Des anges lui aurait donné l’ordre de Dieu de réaliser 10 églises monolithes. Il consacra toute son énergie à tailler ces Églises. Elles sont considérées aujourd’hui comme des merveilles architecturales. On pense que Lalibela souhaitait créer une deuxième Jérusalem comme lieu de pèlerinage.
Des querelles de successions entre les deux fils de lalibela mirent fin à la dynastie Zagwe.
Vainquant le dernier Roi Zagwé, Yekouno Amlak fonda une nouvelle dynastie chrétienne. Il prétendit avoir une ascendance avec l’ancienne dynastie salomonienne. C’est le que l’on appelle la restauration salomonienne. Il aurait été un descendant d’El Naod, dernier souverain axoumite et d’une servante. Dévoué au Christianisme, il fit construire l'Église de Guennete Maryam aux pieds d’une montagne à l’est de Lalibela avec les inscriptions suivante: “Par la grâce de Dieu, moi le Roi Yekouno Amlak, après avoir accédé au trône par la volonté de Dieu, j’ai construit cette Eglise…”. Lui succéda, un de ses fils, Amde Tseyon, un des plus grands empereur du Moyen Age.
Les petits royaumes musulmans qui se situaient principalement dans la vallée du Rift, à l’Est de l’Ethiopie on commencé à connaître une certaine prospérité notamment sous le sultanat d’Adal.
En effet, la montée en puissance de l’empire Ottoman au XVIe siècle redonna toute sa force aux souverains d’Adal. Néanmoins, des guerres intestines de succession “ virent 5 sultans se succéder en 2 ans” . Dans ce chaos et anarchie général, Ahmed Ibn Ibrahim, après avoir tué le sultan Abou Bakr en 1520, se lance dans la conquête du royaume chrétien pour convertir les populations à l’islam. Surnommé Gragn, lui et son armée détruisait tout sur son passage “ Dans chaque lieu où il avait triomphé ,ils laissaient des décombres “
L’empereur Galawedos qui accéda au trône Éthiopien, malgré le désastre s’allia avec les portugais bien armés et finit par battre Gragn dont la tête fut exposée dans les campagnes aux alentours après sa défaite.
De nombreuses missions jésuites s'enchaînent en Ethiopie dès 1557. L’objectif est de la faire passer sous domination religieuse de Rome et non plus d’Alexandrie. Le christianisme de propagea dans le pays. Le Roi Soussenyos décide de prêter obéissance à Rome en 1621 sous influence d’Alfonso Mendès, envoyé par le pape. Il impose de nouvelles pratiques religieuses strictes à la population. Cela ne tarde pas, la population s’insurgent et les rébellions se multiplient. Le roi finit par accorder la liberté de culte malgré les objections de Mendes. Lui succéda Fasilidas qui renvoya Mendes et les jésuites et demanda un nouvel abouna orthodoxe à l’Egypte.
Fasilidas construit en 1636 dans la nouvelle capitale du royaume, Gondar, le plus emblématique des château fort africain connu à ce jour.
Yassou II, un des derniers rois de Gondar, mourut en 1755. Il est vivement critiqué pour s’adonner un peu trop à ses loisirs et de dépenser trop d'argent dans l’embellissement de la ville. Aujourd’hui, on retient de la période de Gondar un bel héritage culturel.
Après Yassou II jusqu'à Téwodros II en 1855, c’est ce qu’on appelle l’ère des princes où 28 règnes se sont succédés à Gondar.
Tewodros est un roi qui a marqué l’histoire de l'Ethiopie. Il est à l'origine de la création de l’Etat moderne éthiopien et initia la centralisation du pays en l'unifiant. Il lance deux batailles, celle de Wello puis de Shewa dans cet objectif. C’est un roi qui s’est battu pour protéger son territoire vis à vis des menaces extérieures notamment celles des ottomans et du Royaume-Uni. En 1868, un incident diplomatique éclate avec le Royaume-Uni car Téwodros leur demande leur soutien face à la menace Ottomane, mais la Grande-Bretagne préfère s’allier aux Ottomans. Lorsque les Ottomans prennent Jérusalem sans réaction de la Grande-Bretagne, Tewodros décide d’emprisonner des membres du personnel diplomatique de la Grande-Bretagne à Meqdela. La Grande-Bretagne décide d’intervenir pour libérer ses prisonniers et exige de Téwodros qu’il se soumette à la reine Victoria. Préférant mourir, il se suicide avec le revolver que lui offrit la reine laissant derrière lui son pays “aussi déchiré et privé de gouvernail qu’il l’avait trouvé treize ans avant lors de son couronnement à Derasgué”.
Une statue à l'effigie de Téwodros est inaugurée à Gondar en janvier 2012.
Église Abuna Yemata
Un endroit pour méditer
Un règne partagé entre Ménélik II et Yohannes I
De 1870 à 1880, l’Ethiopie était dirigée par deux dirigeants: Ménélik au Sud et Yohannes dans le Nord. Les deux monarques comprirent qu’il avaient besoin d’une réelle diplomatie pour défendre le pays.
Ménélik, du haut de ses 24 ans arrive à rétablir le calme et à calmer les luttes intestines .Il déclare la libre pratique de tous les cultes. Il arrive à former une armée puissante et se voit déjà au trône impérial. Il s'auto-désigne comme Négoussé Neguest (roi des rois). Il avait appris des erreurs de Téwodros et veillait à avoir la sympathie de la Grande-Bretagne.
Yohannes se fait attaquer à plusieurs reprises par l’Egypte et le khédive (Vice-roi du sultan ottomant) qu’il bat toujours à plate couture notamment grâce au lieutenant Aloula qui devint pour l’empereur le lieutenant le plus précieux.
Aux limites de se faire la guerre, Menelik et Yohannes finissent par décider d’une trêve sous les conseils des nobles. Ménélik se soumet à Yohannes. Dès lors, le développement du commerce devint une priorité pour nourrir les recettes de l’Etat. Harar devint un lieu de transit important pour les produits sud éthiopien. Le commerce de café, civette, ivoire, miel, fourrures et peaux se développaient. Cependant les vols à répétition et les barrages déplacèrent la capitale en 1886 à Addis Abeba, une base plus sûr et pratique pour les routes du commerce, ville qui ne cessa par la suite de se moderniser.
De mèche avec la Grande Bretagne et en plein conférence de Berlin, l’Italie a des vues sur l’Ethiopie. Les affrontement entre les soldats d’Aloula et les Italiens deviennent de plus en plus fréquents mais ces derniers sont battus à plate couture. Les Italiens vengeurs établissent une expédition punitive à Massaoua. La situation se tend et un diplomate envoyé par la Grande Bretagne, Gerald Portal, consul au Caire, tente de persuader Yohannes de présenter des excuses à l’Italie pour l’attaque injuste et de révoquer Aloula.
La réponse de Yohannes est ferme :
“ le ras Aloula n’a pas commis de faute; les Italiens sont entrés dans la province qu’il gouverne et il les a combattus, exactement comme vous le feriez si les Abyssins venaient en Angleterre”.
Au même moment, Tekle Haymanot, menant les mahdistes, branches musulmane, avançait vers Gondar. Attaqué des deux fronts, Yohannes abandonne le combat contre les Italiens début avril 1888.
Menelik pour éviter le pillage de Gondar coopère avec Tekle Haymanot contre Yohannes affaibli. De l’autre côté les tigréens qui se sentent abandonnés, entrent en contact avec les italiens et les britanniques, le Dejazmatch Dabbab Araya, gouverneur de l’Akele Gouzay, prend le pouvoir à Asmara, capitale du lieutenant Aloula. Le plat est prêt pour l’Italie, qui n’a plus qu’a commencer son festin Ethiopien…
Menelik a besoin d’armes, l’arrivée de Pierro Antonelli en 1875 dans la région de Choa comme explorateur découle vers la signature avec l’Italie le 21 mai 1883 d’un traité accordant des conditions commerciales favorables pour les 10 prochaines années contre des milliers d’armes.
Yohannes est tué lors de la bataille à Matemma fin février 1889 contre les mahdistes. Ménélik apprend la nouvelle. Assez désemparé il signe le traité de Woutchalé le 2 mai 1889 avec l’Italie le désignant comme l’héritier du trône éthiopien.
Cependant les versions du traité ne sont pas les mêmes d’une langue à l’autre. Les Italiens essaient de tromper les Ethiopiens. Par exemple, le texte amharique laissait à Ménélik la faculté d’utiliser l’Italie pour entre en contact avec d’autres pays. La version italienne obligeait Ménélik à passer par l’Italie pour tous ses contacts, ce qui faisait de l’Ethiopie un protectorat italien. Lorsque Ménélik vit que les italiens s’étendait sur son territoire, les tensions augmentèrent et il décide d’abroger tout le traité de Woutchalé.
“C’est avec beaucoup de malhonnêteté que (le roi d’Italie), déclarant son amitié, a voulu s’emparer de mon pays. Puisque dieu m’a donné la couronne et le pouvoir de protéger le pays de mes ancêtres, je résilie et j’annule ce traité”.
Le 3 novembre 1889, l'Abouna Matewos couronna Ménélik comme empereur et Taitou fut couronnée impératrice.
La Russie donne son soutien total à Menelik et refuse de reconnaître les aspirations coloniales italiennes. De plus les deux pays étant orthodoxes, forcément ça crée des liens... Ménélik demande un soutien diplomatique afin de contrer les italiens au Tigray.
“Parmis les Européens qui sont devenus nos voisins, nous n’en avons pas trouvé pour souhaiter notre bien être et notre indépendance mais plutôt pour nous en priver. Les européens voulant de nouveaux territoires, nous ont encerclés; ils ont franchis en nombre nos frontières en vue de nous priver de notre indépendance, et ils nous créent des ennuis… A présent, nous avons constaté et compris qu’ils n'y a pas de royaume orthodoxe à part Moscou”.
Ménélik publie une proclamation, un déclaration de guerre le 17 septembre 1895:
“Rassemblez l’armée, battez le tambour. Dans sa bonté, Dieu a terrassé mes ennemis et agrandi mon empire et il m’a protégé jusqu’à présent… Des ennemis sont venus et ils pourraient détruire notre pays et changer notre religion. Ils ont traversé la mer que Dieu nous avait donné comme frontière. Et moi, conscient que les troupeaux étaient décimés et que les gens étaient épuisés, je n’ai pas voulu agir jusqu'à maintenant. Ces ennemis ont avancés, s’incrustant dans le pays comme des taupes. Avec l’aide de Dieu, je m’en débarrasserai...Vous qui êtes forts, donnez moi votre force, et vous qui êtes faibles, aidez moi par la prière.“
C’est la fameuse bataille d'Adoua qui ridiculisa l’Italie. L’Erythrée reste néanmoins sous occupation italienne. En Italie naissent des manifestations de colère dénonçant cet aventurisme en Afrique “Les revers de l’Abyssinie portent la colère au paroxysme à Rome”. Ménélik et Taitou furent salués à leur retour dans la capitale, Addis abeba, le 22 mai 1896.
Le 26 octobre 1894, dans le traité d’Addis Abeba, l’Italie reconnaît “sans réserves” l’indépendance de l’empire Éthiopien.
En 1904, la santé de Ménélik commençe à se détériorer. Son décès était attendu à tout moment. En 1906, il apprend le décès de gouverneur du Harar, le ras Makonnen qui avant sa mort désigne son fils Tafari comme héritier. Taitou ne le voit pas de cet oeil et nomme son demi-frère Yilma. Tafari fut nommé gouverneur titulaire du Selalé mais il séjourne au palais où il fit la connaissance de l'héritier de Ménélik, son petit-fils, lidj Yassou Mickael. Après la mort de Ménélik, le règne bref de Yassou laissa place au ras Tafari Makonnen qui devint l'empereur Hailé Selassié I.
Ras Tafari ou Hailé Selassié: "le pouvoir de la trinité"
Rien de prédisposait le jeune Tafari au destin qui l’attendait. Dixième enfant de sa mère, son père a tout de même une sympathie pour son jeune et charmant fils. Il a une éducation occidentale confiée au missionnaire français André Jarosseau. Il suit également les cours de l’école du palais . A la mort de son père, gouverneur d’Harar, une des région les plus importantes du pays, il ne lui succéde pas. Tarafi devient gouverneur de Sidamo puis finalement de Harar le 12 mai 1910. Le 2 août 1911, il se marie à Menen Asfaw, nièce du Lidj Yassou, prince héritier.
Yassou n’avait pas cette finesse diplomatique, innée chez Tafari. Bahru Zewde, historien de la période moderne en Éthiopie, décrit le règne de Yassou “ comme le plus énigmatique de l’histoire éthiopienne”. Le règne de Tafari éclipsa complètement Yassou. Ses actions assez impulsives, peu consciencieuses et inadaptées, augmentent progressivement le nombre de mécontents. Yassou prive Tafari de sa base financière à Harar et le 13 août 1916 et met fin à ses fonction en tant que gouverneur de Harar pour le nommer à Kaffa. C’est la goutte de trop pour les notables Choans.
Le Choa restait une des régions les plus riches et ses notables ne concevaient pas de perdre leur influence. Ils décident de sa déposition suivi de quoi l’abouna Matéwos l'excommunia. La fille de Ménélik, Zadita, accéda au trône le 2 octobre 1916 et Tafari, devint héritier du trône. Depuis la légendaire rein de Saba, c’était la première impératrice à être couronnée comme seule souveraine.
Tafari était très porté sur les affaires étrangères. A la fin de la première guerre mondiale il souhaite que l’Ethiopie rejoigne la SDN (Société Des Nations-ancêtre de l'ONU). Cependant l’Angleterre et Italie décriaient les pratiques esclavagistes encore présentent en Éthiopie. De fait, Tafari publia des décret abolissant l’esclavage. Le 28 septembre 1923, il devient membre par un vote unanime.
En 1930, Zaouditou souffrant de typhoide, meurt. Le lendemain Tafari est proclamé empereur. Pour son couronnement, il reprent son nom de baptême : Hailé Selassié signifiant “ le pouvoir de la trinité”.
Hailé Sélassié entame de grands chantiers d’infrastructures: écoles, hôpitaux, routes, églises, mosquées… Le chemin de fer construit en 1917, reliant Djibouti à Addis contribue à la croissance économique. L’introduction de l’Eucalyptus d'Australie, fit d’Addis-Abeba une ville verte.
Malgré le traité d’amitié et la visite d'Hailé Sélassié en Italie, Mussolini veut redorer le blason de l’Italie après l’inoubliable défaite d’Adoua. Mussolini cherche la moindre excuse pour attaquer l’Ethiopie. Il trouve un prétexte lorsqu’une patrouille éthiopienne se heurte au détachement de l’armée italienne près de la frontière de l’Ogaden qui n’a jamais été clairement tracée. Mussolini dénonce une provocation éthiopienne. Il réclame des excuses et réparation. Hailé fait appel à la SDN pour éviter d’entrer en guerre. Mais rien n’y fait, Mussolini déclare le 2 octobre 1935: “Nous avons été patients avec l’Ethiopie pendant quarante ans; à présent notre patience est épuisée”. L’Italie attaque l’Ethiopie. Malgré une armée bien organisé, l’armement italiens vient à bout des éthiopiens. Mussolini rêve d'installer des milliers d’italiens sur les hauts plateaux fertiles de l’Ethiopie pour fournir à l’Italie des quantité illimités de matière premières.
Le 4 mai Addis-Abeba est prise par les troupes italiens. Hailé Selassié et sa famille partent en exil à Londres. Il comprend que rester ne provoquera que sa mort. Il décide d’inciter la résistance de l’extérieur. Le 30 juin 1936, Hailé Sélassié prononça un discours en amharique, dont l’éloquence fut saluée. Le journal Time commente le lendemain “Même si cela ne lui profite guère pour le moment, Hailé Selassié occupe et occupera une place de choix dans l’Histoire”.
Voyage pour la paix
1963: Déclaration du Négus à la Société des nations
En 1940, Mussolini déclare la guerre à la Grande Bretagne et la France. La réaction ne se fait pas attendre. La Grande Bretagne attaque l’Italie dans son territoire occupé éthiopien. Les forces du commonwealth ont eu raison des contingents italiens en Ethiopie. L’Ethiopie est libérée et Hailé Selassié reprend son trône le 24 juin 1941. Le 31 janvier 1942 pour éviter tout malentendu, un traité est signé entre Churchill et Hailé reconnaissant l’Ethiopie comme un “ Etat libre et indépendant”. Cependant, malgré la volonté de Hailé Sélassié à récupérer l’Erythrée, colonie italienne, la Grande-Bretagne la traita de façon complètement séparée du cas éthiopien pour la seule et bonne raison qu’elle servait de hub militaire aux alliés contre les soviétiques durant la guerre. Malgré l'insistance de Hailé à récupérer ce territoire, une assemblée constituante en Erythrée décida de son indépendance qui fut proclamée le 15 septembre 1952 et la région du Tigray rattachée.
En 1955 , un nouvelle constitution voit le jour remplaçant celle de 1931. Cette constitution réaffirme l’appartenance de Hailé Sélassié à la dynastie salomonienne fondée par la reine de Saba et le roi Salomon et confirmant la primauté de l’empereur sur la nomination des responsables, sur le contrôle des forces armées, le système judiciaire et la gestion des affaires étrangères. Elle donnait également au peuple la liberté de religion, de réunion et de parole. Enfin l’autorité exécutive est conférée à l'empereur.
A la fin des années 50, Addis connait une forte croissance et un exode rural massif. Les jeunes éthiopiens formés à l’étranger reveniennent pour prendre des postes dans l’administration désormais centralisé. Cependant, certains jeunes formés à l’étrangers commençent à être frustrés et parmi eux, les frères Neway, Guermamé et Mengistou, issus d’une famille originaire du Menz.
En 1969, ils créent un conseil de la révolution clandestin. Alors qu'Hailé Sélassié est au Brésil, avec l’aide du colonel Worqened Guebeyehou, chef de la sécurité au sein du cabinet privé de l’empereur, ils s'emparent du prince héritier, occupent la banque centrale, la radio et le ministère des finances dans la nuit du 13 décembre 1960. L’armée mène une contre attaque. Guermamé est tué et Menguistou sérieusement blessé puis emprisonné. Hailé se sent trahi par les jeunes car il ne pensait pas qu’ils pouvaient mener une révolution.
En 1973, les troubles internes reprennent de plus belle. Le prince héritier Asfa Wossen atteint d’une hémorragie cérébrale est hospitalisé à Londres. La monarchie est déstabilisée. La hausse des prix du pétrole lance une crise sans précédent en 1974. Les grèves se multiplient, le gouvernement n’arrive pas gérer l’ensemble des revendications.
En février 1974, un groupe d’officier dont Atnafou Abate et Alem Zewde Tessema organise un comité de coordination des forces armées que l’on appellera rapidement derg ( signifiant "comité" en guèze). Il souhaite l’exercice du pouvoir sans remplacer le gouvernement. Il place son action sous la devise Ityopya tikdem signifiant “l’Ethiopie d’abord” sous une vague idée nationaliste dans un moment où l’autorité d’Hailé Sélassié se dégrade. Fin août, l’abouna Téwoflos, patriarche de l’Eglise orthodoxe éthiopienne approuve la révolution. Le sort de l’empereur est scellé. Il est arrêté le 12 septembre. Le derg s’empare du pouvoir éthiopien.
Le 20 avril 1976, Meguistou proclame la “révolution nationale démocratique” et créer les prémisses du “socialisme scientifique” pour établir une “république démocratique nationale”.
LE DERG
Le derg manifeste une froideur vis-à-vis des Etats Unis. Les proches de Menguistou sont allés en URSS pour recevoir une formation politique bien que les Etats-Unis fournissaient une aide militaire à l'Ethiopie héritage des relations avec Hailé Selassie. Cependant Menguistou veut des relations militaires avec Moscou.
La politique économique socialiste appliquée de façon rigide entraîne la détérioration rapide de l’économie éthiopienne. En 1982/83, les signes d’une famine se multipliaient dans plusieurs régions de l’Ethiopie. En 1984, le pays est face à une pénurie alimentaire majeure, la sécheresse y contribue fortement au delà de la politique agraire radicale.
Menguistou pour justifier la situation, reproche aux organisations internationales de ne pas avoir fourni l’aide nécessaire et de soutenir les insurgés. La famine amorçe la fin du derg.
Entre 1985 et 1986, la politique de “villagisation” souhaitée par le régime en place veut transformer le pays en modèle de “socialisme développé” et pousse plus de 800 000 personnes vers une douzaine de zones de réinstallation.
Menguistou annonce des réformes qui comprennent l’introduction à une économie mixte et la propriété. Cependant son comportement, de plus en plus irrationnel, donne plus de légitimité aux insurrections des milices soutenues par les américains. Menguistou prend la route de l’exil en direction du Zimbabwe, où seul Mugabé a accepté de lui donner l’asile. Avant de fuir, il nomme vice président Tesfaye Guebre Kidane. Le même jour, les habitants d’Addis Abeba abattent la statue de Lénine.
Les dirigeants des rébellions se retrouvent à Londres sous l'égide des Etats-Unis pour un cessez le feu. Les forces du FPRDE (Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien) annoncent la prise d’Addis au même moment. Dans un chaos général, les éléments du derg provoquèrent l’explosion d’un dépôt de munition dans le sud d’Addis qui fait plus de mille morts. Dans un désordre général, Méles Zénawi et ses compagnons prennent le pouvoir et installent leurs bureaux dans le vieux palais de Ménélik utilisé par Hailé Selassié et Menguistou pour gouverner.
La république populaire de Menguistou n’est plus. Un période de transition s’ouvre.
L'éthiopie du Négus Rouge
Le négus Rouge fait référence à Mengistu qui a établit un régime communiste en Ethiopie
L'état fédéral d'Éthiopie
Arrivés au pouvoir le 28 mai 1991, Les chefs du FPRDE décident de reconstruire le pays sous la force d’une république fédérale pour décentraliser l'autorité en donnant l’occasion aux groupes ethniques et aux régions de se développer politiquement, économiquement et culturellement. L’Ethiopie se divise aujourd’hui en 9 régions appelées kelel établies sur des bases ethniques.
En 1995, une nouvelle constitution rédigée est approuvée par le parlement. La République démocratique fédérale d’Ethiopie est proclamée. Elle posera les fondements de l’Etat de droit.
Les saisons étant favorables, l’Ethiopie est autosuffisante dans les année 90. Le PIB augmente de 6,9% entre 1992 et 1997. L’Etat réinvestit dans l'éducation et la santé. L’Ethiopie retrouve petit à petit sa place dans l’ordre mondiale. Elle intègre l’Union Africaine en 2003, établit des relations bilatérales avec l’Europe et les Etats unis, le Japon etc et aide à rassembler la communauté international pour aider la somalie en guerre.Néanmoins, le bilan économique resté mitigé. Elle reste influencée par le poids de l’Etat, les terres restent propriétés du gouvernement . Pour mettre fin au problème érythréen, un référendum proposé pour l’indépendance de l’Erythrée fini par un oui à 99,8% en 1993. Néanmoins les relations se dégradent de nouveau et l’Erythrée déclare la guerre à l'Ethiopie en 1998 pour des raisons de définition de territoire. Avec un bilan de 80 000 morts, l’Erythrée récupère la ville de Badmé, source de tension. En 2000, les accords d'Alger marquent la fin de la guerre.
En 2005, le temps des élections sonne. Malgré des tensions opposant les deux principaux partis au pouvoir : le CUD (coalition pour l’unité et la démocratie) surnommé Qenejet et le FDEU (forces démocratiques éthiopiennes unies), c’est le traditionnel FDRPE qui est déclaré vainqueur malgré les nombreuses contestations.
Meles Zenawi meurt le 20 août 2012 et Hailé Mariam Dessalegn lui succède comme premier ministre. Le 7 octobre 2013, Mulatu Teshome est élu président du pays, fonction symbolique. 2018 est marqué par les démissions successives du premier ministre, Hailé Mariam Dessalegn, puis du président Mulatu Teshome en octobre.
Le 2 avril 2018, Abiy Ahmed, très populaire parmi les Oromos, est déclaré Premier ministre. Dès son discours d’investiture, il tend la main à l’Erythrée, en appelant à mettre fin à un conflit qui dure depuis l’indépendance du pays, en 1993. Il qualifie également les partis d’opposition de frères et non d’ennemis. En octobre, Sahle-Work Zewde devient la quatrième présidente de l'Ethiopie, la première femme à occuper cette fonction, désignée à l’unanimité par les parlementaires. Dès son arrivée au pouvoir, le nouveau premier ministre stabilise les relations avec les pays voisins, jouant l'apaisement et la réconciliation avec l’Erythrée, renouant des liens avec la Somalie, lançant des projets logistiques avec le Kenya, Djibouti,le Soudan et le Soudan du Sud, ouvrant le dialogue avec l'Egypte au sujet de la gestion des eaux du Nil.
Le 27 mars 2018, Abiy Ahmed est élu à une large majorité à la tête du pouvoir. C’est la première fois qu’un Oromo est élu à ce poste; Dès son accès au pouvoir, il fait libérer des milliers de manifestants et d’opposants politiques et rétabli plusieurs libertés fondamentales et politique par le retour des partis d’opposition.Le parlement a ainsi voté le retrait de tous les groupes armés d’opposition de la liste des organisations terroristes.
Abiy Ahmed a également procédé à un renouvellement profond des élites politiques et militaires, au détriment de la minorité tigréenne, au cœur du pouvoir depuis 1991.
Aby Ahmed mene une politique de féminisation du gouvernement et des instances en formant le premier gouvernement paritaire du continent le 17 octobre et en poussant pour la nomination de Sahle-Work Zewde, faisant d’elle l’unique femme à la tête d’un pays africain aujourd’hui. Il nomme également Meaza Ashenafi à la tête de la Cour suprême.
Néanmoins, une série d’assassinats ciblés en région Amhara et à Addis Abeba, le 22 juin 2019, mettent en lumière la montée du nationalisme éthnique, qui constitue l’une de principales fragilités de l’Éthiopie. Lors de ces attentats, deux soutiens de poids au Premier ministre sont décédés : le président de la région Amhara, Ambachew Mekonnen, ainsi que le chef d’état-major de l’armée, Seare Mekonnen. Les prochaines élections générales qui se tiendront en 2020 constitueront une échéance majeure pour l’avenir du pays.
Aby Ahmed gagne le prix nobel de la paix en octobre 2019 pour avoir permis une réconciliation avec l’Erythrée.
Arts
L'Ethiopie a gardé tout le faste de son histoire et identité dans ses traditions. Deux éléments de sa culture attirent mon attention:
Tout d’abord la cuisine éthiopienne: avec sa grande crêpe à base de farine de teff fermentée appelée injera et ses plats cuisinés à base de légumes et viandes qui l’accompagne. Je suis très fan!!
La cérémonie du café y est particulièrement singulière. Lors de la cérémonie, on vous fait d’abord asseoir et aussitôt le rituel commence pouvant durer près d’une heure. Pendant ce temps chacun discute de tout et de rien.^^
Finalement je suis très intriguée par la musique éthiopienne. Elle est rythmée par une sorte d’applaudissements constants accompagnés de beaucoup de percussions et de sons d’instruments à corde. J’ai écouté une vidéo qui avait des millions de vues sur Youtube de Selamawit Yohannes - Hambel | ሃምበል. Il y avait pas mal d’autotune mais bonne énergie dans la musique, j’ai beaucoup aimé.
Enfin, les monuments architecturaux éthiopiens sont époustouflants. Entre les églises de Lalibela, le château de Debre Demo, les églises perchées dans les creux de montagnes, les obélisques de 33m ... Visiter l'Ethiopie doit émerveiller les yeux et l'âme.
économie
L’Ethiopie est depuis l’antiquité au coeur de flux commerciaux. Ses ressources naturelles lui ont permis de nouer des relations avec plusieurs pays extérieurs. Il s’y trouvait de l’ivoire en grande quantité, de l’or, de l’encens.
Le café est devenu à la fin du XIXe un produit central de l’économie éthiopienne. Le secteur agricole est resté inchangé depuis ses premiers jours avec des techniques de productions principalement traditionnelles. Le secteur industriel est très faiblement développé.
Au début des années 1950, l'empereur Hailé Sélassié, décide d’industrialiser l’agriculture avec l’aide de la FAO (Organisation des Nations Unis pour l’alimentation et l’agriculture). Il lance des plans de développement avec 3 plans quinquennaux.
- Le premier de 1951 à 1961 se concentre sur le développement des infrastructures (transports, moyens de communication) et la formation de main d’oeuvre pour l’industrie.
- Le second de 1962 à 1967 permet d'intégrer de nouvelles méthodes d’industrialisation pour l’agriculture.
- Le dernier de 1968 à 1973, vise à améliorer les rendements agro-industriels.
Avec quelques résultats timides, le gouvernement a tout de même connu une augmentation et une diversification de la production industrielle.
Après la révolution de 1974 ayant abouti à la prise de pouvoir par le régime Derg, l'économie éthiopienne a été restructurée et nationalisée. Le budget militaire explose, le PIB varie à 0,4% et l’inflation augmente de 16,5% par an.
Après la chute du Derg, une couverture au marché se décide par le passage à une économie de marché. La croissance est passé à 4% annuelle de 1991 à 2003. L’économie prend un autre tournant, avec une industrie et des services qui se développent au détriment de l’agriculture.
Toutefois, le pays a dû faire face à de très graves crises qui ont profondément marqué l'économie. Tout d'abord, le conflit avec l’Érythrée (1998-2000) qui a entraîné une hausse sensible du budget de la défense, la suspension des financements du FMI et la diminution de l'aide extérieure.
L’Ethiopie décide de s’ouvrir aux investisseurs étrangers en particulier au secteur textile en permettant des avantages fiscaux intéressants. Des marques comme H&M et Décathlon s’y installent. Les salariés des usines de vêtements d’Éthiopie, qui travaillent notamment pour des marques internationales, reçoivent un salaire mensuel allant de 23 à 35 euros. Ces très bas salaires ont entraîné une faible productivité, des grèves fréquentes et un fort turn-over.
Par ailleurs, la culture du café souffre en Ethiopie. D’une part les sécheresses à répétition n’aident pas au rendement et l'hégémonie des grandes marquent de café maintiennent le prix de la matière première au plus bas. Beaucoup de producteurs éthiopiens se sont tournés vers la culture du khat, considéré comme une plante stupéfiante dans beaucoup de pays. Le rendement étant plus intéressant. Cependant cette plante fait des ravages auprès des populations locales qui développent des addictions.
Aujourd’hui, l’économie éthiopienne est organisée de la façon suivante:
Agriculture : 34 %
Industrie : 22,9 %
Services : 43,1 %
Politique étrangère
L’Ethiopie est un acteur important dans la corne de l’Afrique. Ce pays s’est toujours assuré une place centrale dans l’ordre mondial mais également régional.
Aby Ahmed entreprend une démarche d’apaisement des relations avec l’Erythrée pour éviter de réitérer les conflits sanglants que ces pays ont connus notamment en 1998 faisant 800 000 victimes.
L'Ethiopie met fin au conflit en appliquant l’accord d’Alger de 2000. Une ambassade d’Erythrée est inaugurée en Ethiopie et le premier vol entre Addis et Asmara a lieu le 18 juillet 2018. La frontière est réouverte permettant à plus de 50 000 Erythréens de la franchir entre septembre 2018 et avril 2019.
L’Éthiopie accueille le siège de l’Union africaine depuis la création de cette organisation panafricaine. Elle est également membre de l’IGAD, dont elle exerce la présidence depuis 2008. Depuis 2018, l’Éthiopie a fait part de sa volonté de laisser la tête de l’organisation à un autre pays.
L’Éthiopie est également membre du COMESA (Marché commun d’Afrique orientale et australe).
Ambassadeurs
Pour moi l’ambassadeur sans égal de l’Ethiopie reste sans égal Hailé Sélassié de son vrai nom Ras Tafari. Son histoire a inspiré toute une communauté jusqu'en Jamaique et en Amérique du Nord, le considérant comme un messi.
Une autre ambassadrice est la fameuse Liya Kebede, d’une beauté fabuleuse qui fait d’elle un des mannequins les plus demandés au monde.
Mickaël Bethe-Selassié, est un artiste contemporain connu pour ses créations de personnages et d'animaux en papier mâché, hauts en couleurs et de grand format. Arrivé en France à l'âge de vingt ans, il est aujourd'hui établi à Paris --> Je cours vers sa galerie de ce pas.
Aida Muluneh, née en 1974, est une photographe éthiopienne et une artiste contemporaine. Elle a créé le premier festival consacré à la photographie en Afrique de l'Est, Addis Foto Fest (AFF).
Littérature
L’écriture présente en Ethiopie depuis l’empire d’Axoum, une tradition littéraire est bien présente. On y trouve principalement des textes religieux en guèze.
Au XIVe, les premières chroniques royales sont relatées dans le Kebra Negast, qui en fait jusqu'à ce jour un ouvrage majeur dans la littérature éthiopienne. Le thème central est la rencontre de la Reine de Saba et Salomon et la fondation de la dynastie salomonienne.
Ce n’est que lors de la régence de Ras Tafari, qu’éclos une certaine littérature moderne en Ethiopie. Le premier roman d’histoire rédigé par un auteur éthiopien fût Lebb welled tarik ( Histoire conçue par le cœur ) publié à Rome en 1908 par Afewerq Gebre – Iyesus.
Aujourd'hui de nombreux noms restent célèbres dans la littérature moderne: Makonnen Endalkatchew, Kebbede Mikael, Mengistu Lemma, Tadesse Liban, Alemayehu Mogas, Tekle Tsodeq Makuria, Abbe Gubanna, Taddele Gebre-Heywot, Salomon Deressa et Seyfu Mattefarya.
Certains auteurs éthiopiens célèbres pour leurs œuvres en amharique ont aussi publié des romans, pièces de théâtres et poèmes en langue anglaise. C'est le cas notamment, pour le plus célèbre d'entre eux, de Tsegaye Gabre-Medhin reçoit à 29 ans le prix Hailé Sélassié I de littérature amharique et auteur de Black Antigone, Prologue to African Conscience.
Aussi Sebhat Gebre Egziabher, dont Les Nuits d’Addis Abeba fût le premier ouvrage traduit de l'amharique au français. Sous le Derg (comité révolutionnaire, à partir de juillet 1974), Sehbat est réquisitionné, avec trois autres lettrés, pour traduire en amharique les textes de Karl Marx, dont Le Capital.
Selon Reidulf Molvaer, Sehbat Guèbrè-Egziabhér est un "auteur impubliable" mais aussi le "favori des écrivains éthiopiens".
Dérangeant par le vocabulaire qu'il emploie, la réalité qu'il raconte, sortant des sentiers battus de la littérature de cour, Sehbat est perçu en Éthiopie comme "l'Auteur" par excellence.
Sources:
- Jean CHAVAILLON, Jean DORESSE, Éloi FICQUET, Alain GASCON, Jean LECLANT, Hervé LEGRAND, Jacqueline PIRENNE, R. SCHNEIDER, « ÉTHIOPIE », Encyclopædia Universalis
- Il était une fois les royaumes d'Afrique - l'Ethiopie, Arte, 2018, youtube, https://www.youtube.com/watch?v=OrEM2HShKoM
- Paul B Henze, Histoire de l'Ethiopie, l'oeuvre du temps, Karthala, 2004