Nous portons en nous l’éternité grâce aux gènes de nos ancêtres mais aussi le futur grâce aux dons exceptionnels de notre cerveau.
La spiritualité africaine est un sujet qui suscite un grand intérêt tant elle fascine par les mystères qui tournent autour d’elle. Cependant, avant de considérer la spiritualité de manière empirique, je trouvais cela intéressant d’étudier la philosophie qu’elle porte en elle et sur quels éléments de pensées sont bâties les réflexions qui la fondent.
C’est ainsi que l’étude de la philosophie africaine s’est imposée à moi. J’ai donc longuement cherché quel recueil de livre pouvait m’aider dans ces recherches car nous avons cette idée que la philosophie est une matière qui n’a d’autre foyer de naissance que la Grèce antique. Rappelons donc ce qu’est la philosophie. La philosophie regroupe un ensemble des réflexions qui tendent à questionner le monde, la connaissance, la Vérité, la réalité et l'essence de l'humanité. En fonction des réponses, elles permettent à la pensée humaine de construire l'environnement dans lequel elle souhaite évoluer. De ce fait, la philosophie est une pratique humaine et humaniste que chaque groupe de personne peut pratiquer. Elle n’est donc pas inhérente à une géographie particulière. La philosophie grecque n’a donc aucunement de valeur universelle.
Je ne vais pas vous le cacher, trouver des livres qui pouvaient répondre à ce nouveau questionnement que je me posais n'était pas chose aisée. En effet, on peut trouver beaucoup de livres sur la spiritualité et les liens entre les religions africaines et les religions révélées … mais concernant la philosophie même… Quelle galère. J’avais en tête le livre de La philosophie Bantou écrit par Placide Tempels, un missionnaire évangéliste au Congo. Peut-être que son propos déconstruisait quelque peu la vision raciste à l’encontre des congolais, mais pour moi cela n’en demeurait pas un livre écrit dans un contexte d’évangélisation et de colonisation tendant à lever la spiritualité et la philosophie bantoue de l’esprit de ses populations. Quant à La philosophie Bantoue comparée d’Alexis Kagame, cela représentait plus un étude linguistique et n’allait pas répondre à mon besoin… Reste ainsi le livre Philosophies Africaines de Séverine Kodjo-Grandvaux. Alors que dire sur ce dernier ouvrage … tout ce que je voulais éviter. En effet, il m’importe peu de savoir que la pensée occidentale ne s’ouvre pas à d’autres pensées. Il m’importe peu de comparer. Il m’importe peu de savoir que l’on peut intégrer la philosophie africaine dans les codes de la philosophie grecque occidentale. Il m’importe peu d’utiliser les mots raison et logique telle que le propose la pensée cartésienne, qui je pense à fait plus de mal que de bien à notre bas-monde…
Bref, je m’emballe, lol, mais je voulais me détacher de toute influence extérieure pour penser et comprendre la philosophie africaine. Et comme on le dit si bien, c’est lorsque l’on cherche que l’on trouve.
Je suis donc tombée par haasaaaaard ( non à la librairie Tamery :) ) sur un livre de Mbog Bassong qui s'appelle La méthode de la philosophie africaine. C’est un petit livre d’une centaine de pages qui reprend la méthodologie commune à toutes les philosophies africaines en montrant les similitudes qu’elles dévoilent quel que soit le groupe culturel qui la pratique.
C’est un livre court à l’écriture assez complexe mais qui recèle tellement d’évidences avec une bibliographie très intéressante. Et comme je suis sympathique, je l’ai lu deux fois pour bien vous le résumer ^^!
J’ai donc trouvé pertinent de vous détailler les grandes lignes de ce livre en répondant à une série de questions:
- Comment définir le Réel ?
- Quel impact les mythes de création de l’Univers ont eu sur notre vision du réel ?
- Quel lien existe-t-il entre le visible et l’invisible ?
- Pourquoi l’antagonisme garantit l’ordre social ?
- Que nous révèle la loi universelle de Maât ?
- Comment se pratique la philosophie africaine ?
- Pourquoi le collectif prime-t-il sur l’individu ?
- Comment la philosophie façonne le politique
- Quel lien entre l’art et la philosophie ?
Et je terminerai mon propos en expliquant les différences fondamentales entre la philosophie occidentale et la philosophie africaine.
Pourquoi commencer par définir le Réel? Car la définition du Réel est la résultante de l’analyse cognitive de l’environnement dans lequel nous évoluons.
En résumé, ce sont les hypothèses d’analyses considérées comme vraies. Ça vous fait penser aux mathématiques mdrrrr. Je m’excuse auprès des traumatisés!
La philosophie rejoint les mathématiques car elle veut définir un état selon une logique prédéfinie. Bon j’arrête là mdr.
Pour définir le réel, il faut commencer par le commencement soit les mythes de la création. Le livre de Mbog Bassam suggère comme point de départ le mythe de la création de l'Égypte antique. Alors soyez attentif, go plonger dans le panthéon égyptien.
Cette dernière suggère l’existence d’un méta-univers qui donne naissance à notre univers actuel à partir duquel prend vie le projet de création. Ce méta-univers aurait la forme d’un océan profond qui est à l'origine de toute vie ou existence confondue.
« Dans l’Egypte ancienne, on peut dire que l'Idée sort, puissante, de la matière brute. Au commencement, il y a la matière, une eau obscure, abyssale, mais puissante, dynamique, créatrice, novatrice, génératrice des dieux-mêmes et du reste de la création. Toutes les façons et toutes les formes de la vie sont issues de l’eau incréée : l’origine même de tout le développement ultérieur».
- Théophile Obenga -
Chez les égyptiens, cet océan créateur de vie s’appelle Noun. A l’intérieur de Noun, se trouve Atoum, présent au début de la création et co-créateur de la Matière primordiale. Il est donc le premier dieu de la création. Par la suite, l’apparition d’Atoum se fait sous la forme du dieu Râ.
“ Je suis Atoum quand je suis seul à exciter était seul dans le Noun, et je suis Râ quand il apparaît en gloire, quand il commande et gouverne ce qu’il a créé”.
Pourquoi l’eau ? Car elle est nécessaire à la fertilisation et donc à la vie.
Cette notion d’eau créatrice se retrouve dans d’autres mythes de la création en Afrique avec Nommo chez les Dogons qui est l’esprit de l’eau qui permet de pétrir la terre, Dane Sandyi chez les Bambara ou encore Tano chez les Akans.
Cette eau abyssale, pour donner naissance à la vie, s’associe à l’action du Soleil représenté par Râ dans le panthéon Egyptien.
En somme, l’eau s’associe au soleil pour créer la vie. Râ va donc animer par une action vibratoire l'océan de création qui permettra la vie. Mbog Bassong fait le parallèle à une activité de physique quantique pour définir ces mouvements d’énergie créatrice.
On retrouve la même chose chez les Bambara et peul avec Sé, Tei chez les Ngala-dwala : Tei.
Dans le Noun se trouve également l'œuf cosmique, porteur de vie dans lequel se trouve la déesse Maât. Autour de l'œuf cosmique nous retrouvons Seth. Par l’action de ce dernier, l’oeuf cosmique implose et donne naissance au reste de l'ennéade qui représentent l’ensemble des forces présentes dans l’univers: le démiurge Atoum, l’humidité par Tefnout, l’air par Shou, la terre par Geb, le ciel par Nout, Osiris, Isis, Seth et Nephthys. L’implosion de l'œuf cosmique fait écho à un big bang créateur.
https://pharaonique.com/blogs/mythologie-egyptienne/
D’après Théophile Obenga, les caractéristiques de l'œuf cosmique se retrouvent dans la rotondité de l’espace de communication en Afrique. En gros plein de choses sont rondes : les maisons, des objets d’art, les réunions etc.
La perception du réel dans la philosophie africaine.
L'interaction entre les différentes dimensions du réel
Dans le mythe de la création selon la tradition égyptienne, dont la même logique se retrouve chez d'autres cultures d’Afrique, l’univers est composé de plusieurs dimensions avec des réalités perçues différemment. Par exemple, Atoum apparaîtra en Râ. Par ailleurs l’espace et le temps ne sont pas des notions séparées et une continuité est assurée entre les deux. Chez les Bassa du Sud - Cameroun par exemple, l’espace-temps constitue un continuum comme le suggère le terme mbok.
En somme, dans le monde il y a différents niveaux de réalité qui sont interconnectés et interdépendants. Ils ne peuvent être isolés l’un de l’autre. C’est ainsi que les mondes visibles et invisibles appartiennent tous deux au Réel dans la philosophie africaine.
“Aussi l'homme est-il historiquement situé dans processus de la création, dans un continuum où la pensée, l’être ne sépare point visible et invisible, matériel et matériel. L’invisible est par ailleurs objet de connaissance, d’un point de vue initiatique.”
L’humain est également une résultante du mythe de la création, il est né de cette création à différentes dimensions tout comme l’environnement complexe dans lequel il évolue.
“Et quand nous parlons de “sciences initiatiques” ou “occultes” termes qui peuvent dérouter le rationaliste, il s’agit toujours, pour l’Afrique traditionnelle, d’une science éminemment pratique consistant à savoir entrer en relation appropriée avec les forces qui sous-tendent le monde visible et qui peuvent être mises au service de la vie ».
- Amadou Hampâté Bâ -
Loi de l’harmonie universelle - Maât
Maât est au cœur de la pensée et de la philosophie égyptienne antique. Pour situer Maât, elle est la déesse de l’harmonie cosmique, de l’ordre du monde, la justice et de la Vérité. Elle garantit l’équilibre du monde. Maât se retrouve dans tout objet de la création.
“Maât est conçue comme la voie, le chemin donnant accès à la quête de la Vérité de la nature. L’homme qui est un produit de la nature ne saurait en dépasser l’intelligibilité. La nature n’appartient pas pour cette raison à l’homme. C’est l’homme qui appartient à la nature”.
Ainsi nous retrouvons Maât dans tout objet de la connaissance et dans toute science comme les mathématiques ou encore l’architecture avec le nombre d’or permettant la construction des pyramides.
Néanmoins, si nous voulons garantir l’ordre du monde, cela signifie que quelque chose est en train de menacer cette harmonie. C’est là qu’intervient la dualité entre Horus et Seth dans la mythologie égyptienne. Ainsi, ce principe d’antagonisme est nécessaire à l’ordre. La contestation fait également partie de l’équilibre social. En somme, il n’y a pas d’ordre sans désordre, il n'y a pas le bien sans le mal. Ce qui garantit l’unité du monde est donc Maât.
Nous retrouvons cette dialectique chez les Dogons à travers le mythe de l'œuf du monde qui contient deux couples jumeaux, L'un symbolisant l'ordre et le second, le désordre.
« Quelles que soient les formes de contestation qu'il recèle, le demeure fidèle à ce qui constitue l’une de ses priorités : assurer l’équilibre social. La contestation, un des moyens pour atteindre cet objectif, ne se fait pas pour elle-même. A fortiori, elle est un instrument pour saper les institutions ».
La méthode de la philosophie africaine
- Le discours symbolique
La méthode de philosophie africaine veut la recherche de sa vérité à travers une logique maâtiste. C'est-à-dire où l’ordre est garanti sur le désordre. Ainsi la pratique philosophique se pratique à travers l'exercice du discours symbolique. J’ai nommé : le proverbe, le conte, la légende, les mythes etc.
“Le proverbe, le conte, la légende, l’épopée, etc., tous dérivés du mythe, portent L' empreinte de Maât dans sa forme essentielle, c’est-à-dire une vérité première à partir laquelle il faut philosopher pour atteindre la Vérité”
Pourquoi: car ils permettent une pensée rationnelle où l’ensemble peut se l’approprier. En effet, elle parle à l’individu dans son ensemble en stimulant sa pensée et son activité cognitive et permet donc de comprendre les concepts introduits par le discours symbolique. Hyper ludique et efficace en somme.
Ces différents exercices viennent apporter des réponses par la collectivité, pour la collectivité. En effet, la recherche de la vérité se fait à travers l’échange commun, que l’on appelle communément “palabre”. Cela garantit une réponse logique et acceptée car elle sollicite le point de vue de tous. La conclusion est collective, après échanges et délibérations. La pratique de la philosophie n’est donc pas individuelle et prend une expression collective.
« La palabre africaine est ainsi toute une méthode philosophique, et ses racines sont profondes, engendrant la paix et la beauté”
- Théophile Obenga -
- Le choix de la transmission orale
Il faut savoir que le choix de la transmission orale n’est pas arbitraire bien au contraire. L’oralité permet l’appropriation de la pensée et donc de la légitimer dans l’esprit de chacun. Elle permet de restituer dans la réalité institutionnelle la vérité. Elle permet de considérer une réalité mouvante qui s’adapte aux enjeux sociaux et à l’époque où ils s’établissent. Elle diffère de l’écriture qui, figée dans le marbre, appauvrit la pensée car ne suggérant pas naturellement le recul permettant l’adaptation des différents concepts établis dans les réalités actuelles et présentes.
L'arbre à palabre
www.afrology.com
- La vérité n’est pas omniscience.
L’ensemble de cette pratique philosophique régi par les principes de Maât et de la collectivité font que La Vérité n’est pas quelque chose de révélée ou omnisciente. La vérité est la conclusion d’un échange collectif.
"Ce qui fait la divinité d’un Dieu, ce n’est pas tant l'omniscience, la toute puissance, mais avant tout le respect de la Maât, c’est- à - dire de la vérité et de la justice"
Philosophie et politique
La pratique philosophique comme vous l’imaginez est au fondement de l’organisation des sociétés. De ce fait, elle a un impact sur les relations humaines et particulièrement sur les systèmes politiques. Nous retiendrons que la philosophie africaine tend davantage vers une construction de politiques fédérales.
“La société politique africaine constitue ainsi un unitaire en ses nervures disposées en sous-systèmes selon l’échelle de l’Etat, à savoir les clans disposant d'une chefferie, l’ensemble des chefferies constituant un royaume, et la totalité des royaumes un empire"
De ce fait, l’individu n’est pas directement lié à l’Etat central mais a pour interlocuteur, le chef du groupe qu’il constitue. D’où l’importance des chefferies et petits royaumes.
“A l’instar des systèmes vivants, la hiérarchisation est pyramidale et se complexifie par densification des unités de base différenciées et constitutives. L’individu n’a pas pour direct interlocuteur l’Etat. Il s’efface au profit du groupe disposant d’un chef légitime qui lui-même appartient à un ordre politique qui transcende sa structure de base”
Certaines fonctions restent néanmoins de la responsabilité du pouvoir central. D’autres à l’inverse relèveront de la responsabilité locale.
“La centralisation concerne alors certains aspects de la vie sociétale: le commerce, la guerre, les relations extérieures, la gestion des richesses, etc. Le reste, à savoir le développement rural, la santé primaire, l’éducation de base, la législation, le contrôle social, l’exercice du droit relève des monarques locaux”.
Bénéficiant donc d’une grande autonomie. Nous avons le panafricanisme dans les veines apparemment ! :)
Concernant le rôle du monarque ou du dirigeant ou de la hiérarchie au global. Sans surprise, vous pouvez imaginez qu’elle est régi et garantie par les principes de Maât.
"L'ordre hiérarchique est ainsi maintenu et Maât fait à chaque niveau d'organisation du système, à savoir chefferie, royaume, empire”.
La philosophie et l'art
La philosophie a également toute sa place dans l’art. Dans l’art africain, la beauté n’est un une finalité unique. Elle prend également sens dans la logique de Maât qui permet de garder l’équilibre entre les différentes dimensions du réel. L’art a surtout une utilité: concilier l’homme à son environnement afin de garantir la manifestation de l’ordre.
“Les objets d’art sont disposés autour de l’homme à la manière supplément d’être destiné à lui concilier une nature hostile… C’est en considération de cela que le beau n’est pas une finalité en soi, mais une espèce de voie initiatique conduisant à saisie de l’être”.
Différences avec la pensée occidentale
D’après l’analyse de Mbog Bassong, les différences principales entre la philosophie africaine et occidentale sont tout d’abord qu’elles ne reposent pas sur les mêmes définitions du Réel.
La réalité africaine est complexe et multidimensionnelle. Surtout, elle considère le sujet dans une perspective totale et globale. A l’opposé, la philosophie occidentale est une vision linéaire de la réalité, unidimensionnelle où seul le visible vaut et prime.
Ainsi l’analyse cartésienne qui fonde cette vision linéaire du monde pousse la vision occidentale, après avoir cartographié et étiqueté le monde, à vouloir le maîtriser le posséder. A l'inverse, la philosophie africaine considère le tout, et sait qu’elle fait partie de cet ensemble complexe.
“La vérité est que la connaissance dite cartésienne procède d’une réalité linéaire, et donc abstraite, qui se détache des profondeurs “cachées” du Réel. Aussi le concept a-t-il un accent univoque, clarifié, et donc devenu clair, simplifié, qui peut entraîner de ce fait une confusion avec la réalité elle-même, plus complexe. La connaissance du Réel ne relève pas que du visible; nous l’avons entrevu et apprécié à travers la théorie africaine du Réel et sa correspondance quantique. Dans cette volonté d’être maîtresse du monde pour y rivaliser avec les dieux, la connaissance cartésienne a péjoré le rationalisme individuel souvent limité au visible car expérimentalement contrôlable. Face au domaine invisible, mystérieux, angoissant, où se dévoile la finitude de notre connaissance matérielle, elle y a fait l’expérience de sa propre limite.”
Par ailleurs, la pensée occidentale est le résultat d’une réflexion de rationalisme individuel tout comme le suggère la méthode cartésienne. Cette démarche suggère l’exacerbation d’un égocentrisme destructeur.
“Dans la pensée occidentale, philosopher est devenu une convenance personnelle née d’un rationalisme individuel, anthropologique tel que formalisé dans la méthode cartésienne. L’égocentrisme marqué du “Je” y a formulé un gauchissement de la raison certes porteuse dans des grandes mutations scientifiques enregistrées, mais aussi des nombreux désastres sociaux et des illusions scientifiques.”
Ainsi s'arrête cette longue étude dédiée à l'appréciation de la philosophie africaine à travers l'ouvrage de Mbog Bassong. Un ouvrage dense à complexe qui je le souhaite vous permettra d'apprécier les grandes lignes des pensées qui ont régit les mondes africains. Ne les oublions pas en pensant la création de l'Afrique de demain, elles nous sont essentielles.
Définitions:
- Ontologie: partie de la philosophie qui traite de l’être indépendamment de ses déterminations particulières
- Épistémologique: étude critique des sciences, destinées à déterminer leur origine logique.
- Herméneutique: science de l'interprétation des textes philosophiques religieux.
- Phénoménologie: philosophie qui écarte toute interprétation abstraite pour se limiter à la description et à l’analyse des seuls phénomènes perçus.