Une autre histoire
"Accept authority or get destroyed"
Introduction chiffrée
Population: 219 millions
Superficie: 923 773 km²
Capitale: Abuja
Langue officielle: anglais
Langues courantes : haoussa, yorouba, igbo, pidgin
Monnaie: naira (1 euro = 0,0025 NDN en octobre 2019)
Fête nationale: 1er octobre
IDH: 152e sur 188 pays
Devise: Unity and Faith, Peace and Progress (« Unité et foi, paix et progrès »)
Drapeau: Ce drapeau se compose de trois bandes verticales de même largeur et de couleurs verte (côté mât), blanche et verte. La couleur verte représente les forêts et les abondantes richesses naturelles du pays; le blanc symbolise la paix et l'unité
Hymne : “Arise, O compatriots, Nigeria's call obey” est l'hymne national actuel du Nigeria. Il a été adopté en 1978. Les paroles ont été écrites par John A. Ilechukwu, Eme Etim Akpan, B. A. Ogunnaike, Sotu Omoigui et P. O. Aderibigbe. La musique est de Benedict Elide Odiase.
Il était une fois, la civilisation Nok
Elle est la plus ancienne civilisation du Nigéria connue à ce jour. Sa naissance comme sa chute restent un parfait mystère. Comme souvenir de leur passage, d’incroyables statues en terres ornées de détails fins. De nombreux bustes et profils qui décriraient la beauté de leurs ancêtres ou peut-être faisant office de pierres tombales, les hypothèses sont multiples. Ce qui est sûr c’est qu’elles ont une grande valeur sur le marché de l’art et attisent les convoitises de beaucoup de collectionneurs. Depuis les années 1970, leur trafic est très élevé et à ce jour 90% de ces statuts sont dispersées dans le monde malgré les lois qui interdisent leur vol et vente.
Empires et royaumes : entre cohabitation et conquêtes
Le Royaume Haussa
XIV au VV
La Légende raconte qu’un prince nommé Abu Yazid venant des environs de Bagdad, s’était pris d’amour pour une belle princesse du Royaume Kanem Bornu. De cet amour, naîtra un petit garçon. Mais il s’avère que c’était qu'un amour d’été car rapidement il l’a délaissa et pris la route pour la ville de Gaya. Là-bas il demanda à un forgeron de lui faire un beau et long sabre. Arrivé à Daura, il demanda aux habitants une source d’eau pour boire. Mais ils lui expliquèrent que la source était gardée par un méchant serpent appelé Saki. "Saki" signifiant "roi" en Haussa, le serpent représentait certainement un méchant roi. Abu Yazid le tue sans peine et libère les habitants de l’oppression. La Reine Suwa pour le remercier lui offre le pouvoir de gouverner et le renomme Bayadijja qui signifie “celui qui ne comprenait pas”, mais il refusa car il voulait l’épouser. Etant Reine, le mariage lui était interdit, elle le maria à sa soeur. Avec elle il eut un fils nommé Karbagari qui signifie “celui qui détourne le trône”. Prise de peur, la Reine décide de faire un enfant avec Bayadijja: un garçon qu’elle nomme Bawo “ celui qui reprend le trône”.
Fête célébrant la fin du ramadan dans la ville de Katsina, terre Haussa
Au XIV ème siècle, un mouvement migratoire des fulanis du royaume Tekrour (Sénégal) se dirige vers l'Est et arrive en terres Haoussa. Le royaume Tekrour est un des premiers royaumes africains à s'être converti à l'Islam. La pratique de la religion s’est donc largement diffusée.
En 1370, le roi Yaji de Kano est le premier souverain Haussa à se convertir à l’Islam. Au delà de la croyance cela représentait un avantage diplomatique d’envergure car cela lui permettait de créer des liens avec es royaumes voisins : Songhaï et Mali.
Au XVI ème siècle, en terres Haussa nait la guerrière Amina. Fille de la reine Bakwa Turunku, elle développe dès son plus jeune âge une appétence pour l’art de la guerre. Grâce à ses multiples conquêtes, elle gagne le respect des troupes et participe à l’agrandissement du royaume et à la construction de ses fortifications.
Amina de Zaria inspirera la série américaine Xena la guerrière.
Au XVI ème siècle le Royaume Haussa devient une plateforme du commerce transsaharien en Afrique de l'ouest. Le Haussa était devenue la langue du commerce.
Les Royaumes Yoruba
Une tête d'Ife
La plupart des têtes d'Ifé, pillées lors de la colonisation, sont exposées dans des musées de pays occidentaux
Le Royaume de Jukun
- 1500 à 1840 -
Le royaume de Jukun s'étend sur les terres Yoruba. Le pouvoir était centralisé et leur capitale était Wukari. C’était un royaume de conquérants qui a lancé de nombreuses attaques contre les Haussa. Cependant, les guerres intestines et les longues périodes de sécheresseseurent raison d’eux.
Le Royaume du Bénin
- 1180 à 1897 -
Le premier royaume du Bénin porte le nom d’Igodomigodo. Ses dirigeants sont considérés comme descendants des dieux. Les rois sont désignés comme étant des Ogisos soit les “Rois du Ciel”. Le royaume Bénin s'appellera aussi Edu.
A la mort du dernier Ogiso, son fils, Ekaladerhan se lance dans une violente querelle de succession contre son oncle. Ménacé de mort, le prince exilé décide de changer de nom et se dirige en pays Yoruba où il dirigera la ville d’Ifé. Il choisit le nom de Izoduwa qui signifie “Je choisis une part de prospérité". Les Yorubas le nommeront Ododuwa.
Son petit fils, Oranmiyan décide de revenir en pays Edu et se marie à la belle Erimwinde, fille d’un notable. Ensemble ils ont un fils, Eweka qui deviendra le premier "Oba" ou "roi" du Royaume Bénin. Il renomme le royaume d’Igodomigodo à Edu et/ou Bénin.
Le royaume Bénin révèle une architecture moderne avec une muraille protégeant la ville. Une étude a été réalisée pour savoir s’il était plus long que la muraille de Chine… et la réponse est oui. Les murs du royaume Bénin sont quatre fois plus longs que ceux de la grande muraille de Chine et ont nécessité 100 fois plus de matériaux que la grande pyramide de Khéops. Le reste des murs est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Depuis sa création, la force militaire du royaume Bénin est une des plus impressionnantes et des mieux organisées de la région. Une force militaire qui s’associe à une force économique permise grâce aux impôts levés, aux taxes douanières et aux tribus conquises des territoires voisins. Le Royaume Bénin est une plateforme commerciale et ses sujets d’excellents négociateurs.
Le royaume s'aggrandit et devient une mosaïque culturelle qui regroupe les Itsekhiti, les Esan les Ika, les Ijwa, les Urhobo etc. A l’arrivée des Portugais, le royaume Edu habitué à commercer, commence à leur vendre de l’Ivoire, du poivre, de l’huile de palme et des prisonniers de guerres...
Le Royaume Oyo
- 1500 à 1896 -
Le lointain royaume d'Ifé est le royaume originel des Yorubas. Célèbre royaume à qui l'on accorde la fabrication des bustes en bronzes et en terre cuite très réalistes.
Le royaume d'Ifé a été fondé par Ododuwa (cf Royaume du Bénin) . Le Ooni d’Ife (Roi d’Ifé) est un leader spirituel pour d’autres communautés. Aujourd'hui encore, Ifé est la ville spirituelle des Yorubas.
Oranmiyan, le petit fils d'Ododuwa, après être revenu d'Igodomigodo (le royaume Bénin) se dirige vers Ifé. De la ville d'Ifé, il se redirige vers la ville d'Oyo où il se remarie avec une autre femme … ah ces hommes. Ils auront deux fils : Ajaka et Sango. Ajaka deviendra le premier Alaafin d’Oyo, premier roi.
Oba Oyewusi, II, lors de l'Oluku festival. 1971.
©Ulli Beier
Le royaume Oyo est devenu progressivement le plus prospère des royaumes Yoruba. Ils avaient une puissance militaire importante avec la meilleure cavalerie, les meilleures armures etc. Ils essaient de conquérir le royaume Bénin ... mais eux , c’est un autre level ^^.
Le pouvoir Oyo est structuré d’une manière singulière :
A sa tête l’Alaafin, le roi. Son premier fils, l’Aremo, le subordonne dans les affaires de l’Etat.
L'Alaafin est désigné par le conseil des sept, les représentants des sept familles les plus éminentes du royaumes, appartenant à la lignée du fondateur.
Les Oyo Messis sont les conseillers politiques du roi. Leur chef est le Bashorun. Il consulte les oracles pour prolonger ou pas le règne de l'Alaafin. Si l'oracle juge bon le bilan de l'Alaafin, celui-ci reste à son poste. Si le bilan est considéré comme négatif, l'Alaafin n'a d'autre choix que de se suicider.
L’opinion publique est portée par les Ogbonis qui ont aussi un pouvoir religieux. Leur chef, l’Oluwo pouvait accéder à l’Alaafin à n’importe quel moment.
Le totem des Oyo est l'éléphant.
Le Royaume Igbo
Le Royaume Nri
- 948 à 1911 -
Les Igbos étaient une communauté éparpillée dans le Sud est du Nigéria actuel. Ils ont été regroupé sous la même autorité qui est le royaume Nri.
La tradition orale Igbo raconte que Tchuku, le Dieu de la création a envoyé Evi le premier roi Nri régner. De ce fait, les roi Nri ont un pouvoir divin. Le royaume Nri est davantage une puissance religieuse que militaire. C’était une société pacifiste qui tenait profondément à ses traditions et secrets. De ce fait, si quelqu’un les trahissait, il était excommunié.
Conseil de lecture:
Nigéria - Amzat Boukari- Yabara ⭐
La traite négrière
En 1444, Les portugais sont les premiers à se lancer dans la découverte des côtes africaines. A leur arrivée, ils accostent dans les baies du Bénin et du Biafra .
En 1481, le Pape émet une loi autorisant les Portugais à évangéliser les populations des nouvelles terres découvertes. Lorsque Christophe Colomb, explorateur espagnol, accoste aux Amériques, il n’a pas le même privilège que les Portugais. Pour éviter une guerre, le pape Alexandre VI leurs fait signer le traité de Tordesillas le 4 juin 1494 qui régit le partage du monde entre les deux pays européens.
En 1517, Bartholomew de las Casas, un colon espagnol, est témoin du massacre des amérindiens. Il se dirige vers le Pape et le Roi espagnol pour leur demander d’arrêter les massacres. MAIS, il leur propose comme alternative d’aller chercher des esclaves en Afrique pour servir de main d'oeuvre dans les plantations. La razzia avait déjà commencé au royaume Kongo où les espagnols kidnappaient un nombre sans précédent d’habitants.
Exposition au musée de l'Histoire Afro Américaine de New York
En 1550, le royaume du Dahomey refuse le commerce d’esclaves sur leur territoire. Les européens partent donc chercher une source ailleurs. En 1562, la reine Elizabeth I autorise John Awkins à aller chercher des esclaves en mettant à sa disposition 5 bateaux. Malgré la réticence des royaumes africains, la supériorité des armes européennes eurent raison d’eux. Les royaumes africains ont commencé à kidnapper des membres d’autres royaumes pour éviter la razzia sur leurs territoires pour assurer la paix. D’autres royaumes eux, se sont battus avec force refusant les esclavagistes sur leur territoire comme le royaume Dahomey ou le royaume Kongo avec à sa tête la reine Zingha.
Avec le temps, de nombreux comptoirs esclavagistes se sont mis en place aux larges des baies du Biafra et du Bénin. En 1619, les premiers esclaves noirs sont arrivés en Amérique du Nord, dans l'État actuel de Virginie. En 1665, ils étaient 500. En 1750, ils étaient 235 000. Notons que la majorité des esclaves noirs étaient déportés en Amérique du Sud pour les besoin des plantations.
L’esclavage deviendra avec le temps, la plus grande source de richesse. Être dans le commerce d’esclaves signifiait être prospère.
Au niveau de la baie du Biafra, il n'y avait pas de royaume qui centralisait le pouvoir. Certaines communautés faisaient lien entre les terres et les esclavagistes comme les Aro. Ces derniers ont eu une place centrale dans le commerce d'esclaves entre le XVIIIème et le XIXème siècle. Des sociétés secrètes participaient à ce commerce comme les Ekpus qui faisaient croire à leurs adeptes qu’ils serviraient de sacrifice aux Dieux, mais ce n’était qu’un mensonge car ils les envoyaient aux Amériques...
Les Nris ne souhaitent pas participer au commerce d'esclaves. Leur terre, au contraire, permet aux esclaves de se réfugier. Du XVI ème au XVII ème siècle, leur déclin s’annonce faute de ressources financières. Par ailleurs, leur influence spirituelle s'essouffle d’autant plus que de plus en plus d’Igbos participent au commerce d’esclaves. La spiritualité Aro prend le dessus, en particulier à travers la figure d’Ibinu Ukpabi. L’empire Nri continue d’exister malgré son déclin en 1911, date à laquelle les anglais leur exigent d'abandonner leur spiritualité Ikenga.
Le commerce transatlantique commence officiellement en 1526 et atteint son apogée au début du XVIII ème.
Les esclaves étaient entassés par centaines dans les bateaux dans des conditions inhumaines. Beaucoup mouraient de maladie et de faim attachés les uns aux autres. La plupart étaient Igbos et Yorubas. Les esclaves se rebellaient souvent de manière pacifique ou brutale. Les Igbos étaient connus pour mettre fin à leur vie sur les bateaux en se jetant des bateaux ou en faisant des grèves de la faim, préférant la mort à leur nouvelle condition d’esclave.
Malgré l’oppression, les esclaves tenaient à garder leurs pratiques culturelles que l’on retrouve encore aujourd’hui dans la gastronomie, la langue ou les pratiques religieuses en Amérique latine ou aux Antilles. La religion Yoruba se retrouve encore dans la religion vaudou aux Antilles, la Santeria à Cuba et Candomblé au Brésil.
Conseil lecture:
Etonner les dieux - Ben Okri
La chute des empires
Le Royaume Haussa
XIV au VV
En 1779, Usman Dan Fodio, un fulani installé dans la ville de Gobir lobby pour un changement profond du système. Un de ses élèves, Yunfa accède au pouvoir et devient sultan de Gobir en 1803. Yunfa craignant l’augmentation de la popularité de Dan Fodio essaie de s’en débarrasser par tous les moyens. Dan Fodio et ses disciples finissent par quitter Gobir, menacés de mort par Yunfa.
En 1804, Dan Fodia, appelle les leaders Haussa à le rejoindre et lance un djihad contre Gobir. Il met sous son autorité les villes de Katshina, Daura et Kano mais Yunfa réussit à avoir le soutien des Etats voisins et gagne largement contre Dan fodio lors de cette bataille dite de Tsuntua. En 1808, le fils de Dan fodio, Mohammed Bello réussit à prendre la capitale de Gobir, Alkalawa et tue Yunfa.
Le Califat de Sokoto
- 1809 à 1904 -
En 1809, Mohamed Bello fonde la ville de Sokoto. En 1817, Après la mort de son père, il prend le pouvoir et étend ce qui désormais sera le Califat de Sokoto. Le Califat n’est pas un pouvoir centralisé, chaque province donne simplement son soutien à Dan Fodia mais reste complètement indépendante dans les faits. C’est un puzzle d’Etat unifiés par la religion musulmane. A la mort de Mohammed Bello en 1837, le Califat s'effrite. Les Etats le constituant regagnent petit à petit leur indépendance complète et les guerres intestines se multiplient.
Le califat aura néanmoins permis de meilleures relations commerciales entre les différents Émirats (Etats) du califat car ils étaient sous le même régime politique et permis une unité culturelle à travers la religion.
Le califat de Sokoto refuse l’installation des anglais sur leur territoire. Les Anglais ripostent et récupèrent le territoire. En effet, le Califat étant décentralisé, il n’arrive pas à former rapidement une armée assez conséquente pour combattre les anglais . En 1904, le califat se rend et passe sous la tutelle des Anglais.
Le Royaume Oyo
Grâce au commerce d’esclaves, il connaît son apogée. Il parvient à acquérir des armes européennes ce qui lui permet, enfin, de gagner la guerre contre le Dahomey et des batailles contre les Ashantis (Ghana actuel) en 1764.
Cependant, en 1754, le Bashoru Gaha souhaite renforcer son pouvoir et orchestre le suicide de quatre Alaafins: Labisi, Awonbioju, Agboluaje et Lajeobe. En 1774, l’Alaafin Abiodun décide de l’exécuter. De là, une longue période d’instabilité gagne le royaume. L’entente entre l’Alaafin et les Oyo Messis est rompue. Des luttes de pouvoir internes provoquent la chute du royaume.
Les Yorubas plongés dans des guerres depuis 16 ans, dite des Ekitipaparo cèdent sans grande résistance. Les Egba, Oyo, Ibadan etc signent tous. Les Yorubas acceptent les traités avec les européens pour assurer la paix.
L’Angleterre profite de l’occasion pour proposer un traité de paix déguisé qui lui permet d’avoir un pied dans la zone. En 1888, le royaume Oyo tombe sous la domination anglaise.
Le Royaume Warri
Ce royaume fondé par le prince Ginuwa en 1480, fait la connaissance des portugais au XVème siècle. Au XVII ème siècle, le roi de Warri part en visite au Portugal et revient avec une femme portugaise. De cette union naît Antonio Domingo en 1640. Rapidement, le Warri accepte l’autorité des portugais. Warri devint le siège des portugais et des marchands d’esclaves néerlandais.
Le Royaume Bénin
Le royaume du Bénin, reste toujours réticent à une quelconque tutelle. En 1896, les anglais n'ayant pas réussi à faire signer un traité au royaume et voulant venger le consul Philips, assassiné pour avoir refusé de pratiquer des coutumes locales, de rage, brûlent tout sur leur passage. L’Oba Ovonramnwen sera le dernier roi à régner et sera exilé à Calabar où il meurt en 1914. Le royaume est en cendre. Ils volent les oeuvres précieuses restées intactes. Oeuvres, cadeaux d’un massacre, qui font encore la beauté des musées et collectionneurs occidentaux. Le Nigéria négocie toujours pour les récupérer.
Des milliers de plaques de bronze du royaume Bénin sont éparpillées dans le monde...
L'abolition de l'esclavage
Olaudah Equiano est né en 1745 en terre Igbo. Très jeune, il se fait kidnapper pour être vendu en tant qu’esclave. Il atterrit aux barbades puis est racheté par un colon de la marine britannique en Virginie, qui le renomme Gustavus Vassa. Il l'intègre dans la marine anglaise lors de la guerre contre la France. Après la guerre il est racheté par un propriétaire de plantation aux Antilles.
En 1766, à 21 ans, il réussit à racheter sa liberté et devient un homme libre. Il travailla pendant 10 ans dans les ports commerciaux des Antilles. En 1776, il décide d’aller à Londres pour s’impliquer dans le mouvement anti esclavagiste prônant la fin de la traite transatlantique. En 1789, il publie sa biographie qui eut un grand succès et a beaucoup aidé dans l'abolition de l'esclavage. Il meurt en 1797, 10 ans avant que les anglais n'abolissent l’esclavage
En parallèle, les soulèvements des esclaves se multiplient. En 1804, Haïti, mené par Jean-Jacques Dessalines, s’insurge et proclame son indépendance mettant fin à l’occupation européenne.
Les anglais souhaitent diversifier leur activité commerciale pour qu'elle ne se base pas uniquement sur le commerce d'esclaves. L'huile de palme sera la réponse. De 1815 à 1850, les deux tiers de l’huile de palme mondial proviennent de l’Afrique de l’Ouest. La demande en huile de palme ne faisant qu’augmenter, les esclaves étaient réquisitionnés sur place pour la culture vivrière. Des familles entières d’esclaves y travaillaient, femmes comprises. Plus les familles étaient nombreuses, plus la culture florissait. Le meilleur exemple, Jaja d'Opobo était un esclave devenu un excellent producteur et marchand d’huile de palme. Après avoir fait fortune, il achète sa liberté. En 1849, le commerce d’huile de palme représente 1 milliard de livres par an. On lui donne un ultimatum en 1894 de se soumettre aux anglais ou de partir. Il résiste et finit par être déporté au Ghana puis aux Antilles et ne verra plus sa terre.
En 1832, 60 000 esclaves jamaïcains des plantations se rebellent. En 1834, l’Angleterre, sous la pression des mouvements abolitionnistes, décide de supprimer et d’abolir tout commerce d’esclave dans toutes ses colonies, les Antilles comprises.
Conseil de lecture:
Ma Véridique histoire : Africain, esclave en Amérique, homme libre - Olaudah Equiano ⭐
Le Nigéria, une colonie britannique
L'Angleterre sous sa mission civilisatrice de surface, portée par la Church Missionary Society (CMS), s'efforce d'assurer son pré-carré africain face aux autres puissances européennes qui gagnent du terrain comme la France et l'Allemagne. La religion chrétienne permet d'asseoir une influence sur les populations locales.
Les Anglais multiplient les pressions sur les chefs locaux pour qu'ils signent des traités de protection et de commerce. Les chefs n’ont pas grand choix : signer ou être tué et leur localité détruite. La plupart étaient conscients de la ruse, mais la pression était trop grande et la puissance militaire des anglais était imposante.
Le 20 Juin 1861, le chef de la localité de Lagos finit par céder. Lagos est officiellement annexé par l’Angleterre et devient la première colonie anglaise au Nigéria. Le 5 mars 1862, Lagos devient officiellement une colonie britannique dont le gouverneur sera Henry Stanhope Freeman.
Plus de 400 traités politiques sont signés avec les chefs de tribus du bas-Niger et les états Haoussa.
La conférence de Berlin
Entre 1884 et 1885, la conférence de Berlin regroupe toutes les puissances européennes pour décider du partage de l’Afrique.
Les européens se livrent une bataille féroce pour conquérir le plus de terres africaines. Les anglais doivent absolument garder le Nigéria pour eux. En 1817, Georges Goldie, un colonialiste anglais regroupe l’ensemble des entreprises anglaises présentent au Nigéria en une seule qu’il appelle la United African Compagny. La United African Compagny qui change rapidement de nom et devient la Royal Niger Compagny en 1886. Elle détient le monopole commercial absolu sur le Nigéria.
En 1900, les Anglais regroupent leurs possessions au Nigéria pour former le Southern Nigerian Protectorate. Les Anglais commençent à monter vers le Nord encore sous l'influence du Califat de Sokoto musulman.
Les Anglais mettent en place une administration indirecte de la colonie, signifiant qu'ils déléguaient une partie de la gestion administrative aux Africains. Il y avait deux principales raisons, leur expérience avec les Indes et la barrière de la langue.
Jusqu’en 1914, de nombreuses infrastructures voient le jour. Un port et un chemin de fer sont construits, ce qui permet de développer le commerce et l’exportation des matières premières nigérianes. Dès lors émergent une élite et une classe intellectuelle nigérianes, dans tous les secteurs. Naîtra un nouveau mouvement indépendantiste avec à sa tête Herbert Macaulay qui partage ses idées dans le Nigerian Daily News.
Le 1er janvier 1914, Frederick Lugard, le nouveau gouverneur général du Nigéria à l’occasion de la déclaration de la constitution de la colonie et du protectorat du Nigéria, conclut que le Sud et le Nord du protectorat devraient fusionner en un seul gouvernement. Cette idée de fusion ravive de plus belle les volontés indépendantistes menée par: Alhaji Tafawa Balewa, Chief Obafemi Awolowo, Dr Nmandi Aikiwa, Sir Ahmadu Bello, Funmilayo Ransome Kuti, mère de Fela Kuti et fervente militante pour les droits des femmes.
Période coloniale
Pour récupérer les colonies du Nigéria, l’Angleterre paie 865 000 livres à la Royal Niger Company.
Après 50 ans de colonisation, les Nigérians comme l’ensemble des pays colonisés commencent à revendiquer leur indépendance. En 1947, la délégation NCNC (National Councel of Nigeria and Cameroon) commence son combat en Angleterre et à clamer leur volonté d’être indépendants. Cette élite vient présenter son projet d’indépendance, et prône la mise en place de droits civiques égaux. Les africains ne voulaient plus subir les inégalités et le racisme dans leur propre pays.
Au niveau de la diaspora, les jeunes nigérians envoyés faire leurs études en Angleterre créent des mouvements anticolonialistes et panafricains. Parmi ces jeunes, les nouveaux présidents de pays africains qui seront bientôt indépendants: Kwame Nkrumah au Ghana, Jomo Kenyatta au Kenya, Hastings Banda au Malawi.
-We shall complain, appeal and arraign. We will make the world listen to the facts of our condition. We will fight in every way we can for freedom, democracy and social betterment -
Principale résolution du 5 ème congrès Panafricain
Conseil lecture:
Le monde s'effondre - Chinua Achebe
Le Soleil des indépendances
En 1960, la vague d'indépendance gagne l’Afrique de L’ouest. Le 1er Octobre sera le tour du Nigéria. A l’aube de cette indépendance, ses pères fondateurs seront :
- Tafawa balewa
- Obafemi Awolowo
- Ahmadu Bello
- Nnamdi Azikiwe
Le premier ministre sera Tafawa Balewa. Trois partis animent la vie politique du Nigéria Indépendant.
- Le
- NCNC
- couvre la région Est avec à sa tête
- Nnamdi Azikiwe
- . Il comprend majoritairement des Igbos.
- Le
NPC (Northern People Congress) couvre la région Nord avec à sa tête Ahmadu Bello. Il regroupe les populations Haussas.
- Le
AG (Action Group) est le parti d’opposition représentant les Yorubas et mené par Obafemi Awolowo.
Obafemi Awolowo - Tafawa balewa - Ahmadu Bello - Nnamdi Azikiwe
(de gauche à droite)
Une répartition politique par appartenance culturelle se met en place. Le Nord est la région la plus grande et détient la majorité au parlement. De ce fait, aucune loi ne pouvait être amendée sans l’accord du Nord.
Les seules manières d’acquérir plus de pouvoir pour les autres parties étaient soit d’amender la constitution soit la violence.
En 1963, une nouvelle région émerge, le Midwest avec à sa tête Dennis Osadebay. Le sud étant plus divisé, l’avantage grandit pour le Nord. Des émeutes éclatent, le Sud déclare l'État d’urgence. La région et déstabilisée et de nombreux leaders politiques sont emprisonnés pour corruption.
Dès lors, la confiance en l’Etat et au système judiciaire commence à s’ébranler. En 1964, lors des élections, la vie luxueuse des hauts fonctionnaires montre que l’argent de l’Etat est utilisé à des fins personnelles. La corruption commence à gagner du terrain.
Au parlement, l’Action Group est de moins en moins représenté, l’opposition s'affaiblit. Désormais le NCNC et le NPC s’affrontent, le Nord contre le Sud. L'opposition grandit , les politiques se déchirent et lancent des émeutes. Le sang des citoyens est versé.
En 1966 sonne l'heure du premier coup d'Etat. Les stars de l’action sont des militaires nigérians, tous formés en Angleterre.
Ils profitent de la distraction offerte par la conférence du commonwealth pour attaquer le 15 janvier 1966. Ils lancent une attaque simultanée à Kaouna, Ibadan, Lagos. A Kaouna sera assassiné Ahmadou Bello.
“Our enemies are the political profiteers, the swindlers, the men in high and low places; that seek bribes and demand 10%; those that seek to keep the country divided permanently so that they can remain in office as ministers of VIPs.”
Le gouvernement est quasi complètement assassiné et le pouvoir est désormais aux mains des militaires. Le général Ironsi met la main sur la junte militaire. Il sera à la tête de l’armée et donc à la tête du nouvel Etat. Les dirigeants du Nord sont assassinés (Ahmadu Bello, Talefa Balewa).
La guerre du Biafra
Après 7 mois au pouvoir, c’est le désordre au niveau de l’armée. Les militaires du Sud et du Nord se massacrent continuellement. Le Nord assassine des milliers d'Igbos vivant au Nord en guise de représailles. Ironsi est renversé.
Ironsi fait partie de la communauté des Igbos. On reproche à ces derniers d'avoir trop de privilèges, depuis même la colonisation britannique. Le Nord accuse le coup et certains réclament l'indépendance du Nord indépendant comme Muritala Ramat Mohammed.
Finalement ça sera le colonel Gowon, un nordiste chrétien qui sera au pouvoir à tout juste 31 ans. Il sera à la tête du Nigéria qui prendra le nom de Federal Military Government (FMG). Les massacres contre les Igbos commencent. Ils vont se réfugier à l’Est, leur région d’origine, chez le colonel Chukwuemeka Ojukwu, le gouverneur militaire de la région.
Le pouvoir et l’ensemble des régions se liguent contre Ojukwu. Gowon le menace que toute tentative de sécession sera perçue comme un acte de trahison. Perdre le Biafra était impensable, des puits de pétrole sans fin s’y trouvaient. L’enjeu économique était énorme.
Le Biafra finit par déclarer son indépendance. Gowon déclare la guerre Ojukwu.
Les raisons de cette guerre n’étaient pas une question d’unification politique mais profondément économique à cause des enjeux pétroliers.
La France soutient le Biafra et l’équipe en armes. La France a toujours voulu avoir le Nigéria dans son précarré. L’occasion était parfaite. Surtout, cela lui permettait un accès aux ressourcs pétrolières du Biafra. Gowon est soutenu par les anglais et l’Union soviétique qui l’approvisionne en armes.
Les militaires qui combattent contre Ojukwu dont Shehu Musa Yaradua, Ken Saro Wiwa, Muhammadu Buhari, Ibrahim Babangiba, Benjamin Adekunle, Olusegun Obasanjo, auront tous eu à jouer un rôle important dans l’histoire contemporaine du Nigéria, curieusement...
Des mercenaires européens rejoignent les combattants du Biafra mais la guerre est rude. Ils ont moins d’équipements et ont plus de contraintes dues au blocus.
Le blocus plonge le Biafra dans la famine la plus extrême. Les orphelins se multiplient et les enfants souffrent de malnutrition. Le Biafra invite la presse occidentale à filmer la guerre. Ces images donneront au monde entier l’image d’une Afrique en guerre, affamée…Médecins sans frontières verra le jour quelques temps plus tard.
©Romano Cagnoni Biafra
Les militaires Biafra continue la guerre jusqu’au bout, ils considéraient qu’ils n’avaient pas le choix. C’était ou se battre ou le génocide qui les guettaient.
Le 6 janvier 1970, le colonel Obasanjo lance une dernière attaque qui provoque la chute du Biafra. Les sécessionnistes se rendent, Ojukuwa, prend la fuite et le Biafra réintègre le Nigéria.
Désormais, le Nigéria décide de se concentrer sur son développement et à la réunification du pays. Gowuru refuse tout acharnement et persécution contre les Igbos.
Pour créer un sentiment d’appartenance nationale, tous les nigérians doivent servir leur pays en travaillant quelques années pour la fonction publique.
Il crée une monnaie nationale, le Naira pour se couper de la monnaie colonialiste et pousse la création d’entreprises nationales. Il lance une politique économique semi privée où les entreprises étrangères ne peuvent acquérir plus de 60% du capital d’entreprises nigérianes.
En 1971, le Nigéria rejoint l’OPEP. La guerre de Kippour fait exploser les prix du pétrole. Les caisses de l’Etat se remplissent mais se vident aussi très vite. L’élite et l’armée se servent grassement dans les caisses. Seuls eux arrivent à racheter les capitaux d’entreprises étrangères. Les inégalités se creusent. Goworu est déstabilisé et est victime d’un coup d’Etat en 1975.
Conseil de lecture:
l'Autre moitié du soleil, Chimamanda Ngozi Adichie ⭐
Et pourquoi pas un nouveau coup d'état...?
Le sang n’est pas versé mais l’unité militaire est brisée. Le coup d’Etat est mené par Murtala Ramat Mohammed qui avait déjà participé à un précédent coup d'Etat. Il est à la tête de l’Etat et place ses amis de coup militaire à sa tête comme Bisalla, Danjuma, Obanjo. Mais l’aventure sera courte car Murtala sera assassiné l'année suivante.
Un 4ème coup d’Etat est lancé par le Colonel Babangida. Un nouveau gouvernement est mise en place. A sa tête, le général Olusegun Obasanjo qui bien que Yoruba, a le soutien du Nord. Il instaure des élections. En 1979, Alhaji Shehu Shagari, civil Nordiste est élu. La seconde République est née.
Ceux qui n'apprennent pas de l'histoire sont condamnés à la répéter.
Fela Kuti, fils de la grande Funmilayo Ransome Kuti est un artiste et activiste politique. Il pointe du doigt les injustices de son pays. Il voit Shagari comme un danger pour la nation. Pour lui, il n’a rien à offrir et dénonce le gouvernement “gestapo” que devient le Nigéria. Fela était constamment persécuté par le gouvernement et faisait des aller-retours en prison où il subissait la torture. Animé par son combat, cet acharnement ne fait qu’augmenter sa ferveur.
Le choc pétrolier de 1979 fait plonger le prix du pétrole. Le pays tombe dans la récession car l’économie du Nigéria est fondamentalement dépendante des revenus pétroliers. . L’élite se rue en Suisse ouvrir des comptes bancaires. Le gouvernement de Shagari pointe un bouc émissaire: les ghanéens venus travailler dans les exploitations pétrolières. Ils sont accusés de voler le travail des Nigérians et d’augmenter la criminalité dans les villes. Shagari exhorte tous les Ghanéens à quitter le territoire Nigérian. En 1983, c’est ce que l’on appellera le “Ghana Must Go”. 900 000 ghanéens fuient le Nigéria, n’ayant pas d’autres alternatives car menacés de mort. Les étudiants du Nigéria envoyés faire leurs études à l’étranger ne reçoivent plus de bourses, les caisses de l’Etat sont vides, la corruption atteint des sommets. En 1983, Shagari est réelu malgré les contestations. Il décide de lancer un plan d’austérité.
La colère des militaires, des fonctionnaires et du peuple se déclenche. En décembre 1983, le général Mohammed Buhari dirige un coup d’Etat contre le gouvernement en place. Le général Ibrahim Babangida, avec la bénédiction de l’occident prend le pouvoir.
Le Nigéria se détériore progressivement et vit de difficiles moments économiques. La corruption gangrène le pays, les populations vivent misérablement. Tout moyen est bon pour survivre, l’occasion parfaite pour l’apparition de mafias nigérianes qui opèrent dans les trafics et activités criminelles en tout genre ( faux papiers d’identité, trafic de drogue … ).
En 1993, sonne l’heure des élections. Le peuple ne souhaite plus que les militaires soient à la tête de l’Etat. Un philanthrope, Moshood Abiola jouit d’une grande popularité auprès de la population grâce à sa générosité, malgré le flou sur la provenance de sa richesse. Il gagne les élections mais l’armée mécontente les annulent et l'emprisonne le 23 juin 1994. Babandiaga décide de mettre un homme d'affaire à la tête d'un gouvenrnement interim avec à sa tête Ernest Shoenoka. Impopulaire, il subit les manifestations du peuple. Le gouvernement intérim est renversé par le Ministre de la Défense Sani Abacha. Il prend le pouvoir, ouvrant 5 années de dictature. Les Nigérians n’ont plus aucun exutoire. Leur seul espoir est désormais Dieu, multipliant le nombre d'églises partout dans le pays.
En 1998, Abacha meurt d’une crise cardiaque, un mois plus tard Abiola meurt en prison.
Le général Abdulsalami Abubakar est choisi comme successeur, un des rares généraux qui n’avaient pas eu de carrière politique. Il relâche tous les prisonniers politiques sous Abacha. Obasanjo relâché également se remet dans la course électorale promettant un renouveau du Nigéria à travers la lutte contre la corruption...Discours de tous les prétendants au pouvoir depuis 1976.
Conseil de lecture:
Ibadan, les années pagailles - Wole Soyinka
La 4ème république
Olesegun Obansanjo est de nouveau au pouvoir en 2003 et nomme un gouvernement de civils et non de militaires. Depuis, la situation économique du Nigeria s’est nettement améliorée. Le PIB par habitant a augmenté et la dette externe passe de 35 milliards en 2004 à 2 milliards en 2008, les réserves de devises explosent. Les entreprises étrangères commencent à revenir au Nigeria. Cependant 55% de la population reste sous le seuil de pauvreté. Les riches n’ont jamais été plus riches et les pauvres n’ont jamais été aussi riches. Aujourd’hui le Nigéria a les neuvièmes ressources de pétrole les plus grandes du monde.
En 2007, Umaru Yar'Adua, l’ancien gouverneur de Katsina, une ville du Nord est élu à la tête de l’Etat avec le soutien et la bénédiction d’Olesegun Obansanjo. Goodluck Jonathan sera élu au poste de vice-président. Ayant eu de nombreux problèmes de santé, l'intérim est assuré à partir de février 2010 par Goodluck Jonathan. Umaru Yar'Adua, meurt en mai 2010. Goodluck Jonathan lui succède officiellement le 9 mai 2010 et est élu président lors de l'élection présidentielle du 16 avril 2011 avec 59 % des voix. Il est battu au second tour de l'élection présidentielle de 2015 par Muhammadu Buhari, qui lui succède le 29 mai 2015.
Conseil de lecture:
La fille du roi araignée - Chibundu Onuzo
Americanah - Chimamanda Ngozi Adichie ⭐
La montée du terrorisme
Les frustrations dans les régions délaissées n’ayant pas de pétrole augmentent au Nigéria, les régions du Nord-Est les premières.
En 2002, un mouvement au Nord se forme et porte le nom de Boko Haram qui signifie en Haussa "l'éducation occidentale est un péché". Dans la ville de Maiduguri, le prédicateur Mohamed Yusuf prône un islam radical et rigoriste, hostile à l’occident. En 2015, Boko HAram, prête allégeance à l’Etat Islamique. A sa tête depuis 2016, Abu Mosab Al Barnaoui. Les membres de Boko Haram commencent à imposer l’application de la Charia mais les tensions commencent vite à monter car ils s’en prennent aux musulmans les accusants de ne pas pratiquer correctement la religion. Ils s’en prennent aux chrétiens en détruisant des églises et sont à l’origine de kidnapping, attentats et massacres à l’encontre des civils. Depuis sa création, Boko Haram aurait fait plus de 3000 victimes.
L'année 2014 est marquée par la montée en puissance du groupe, qui kidnappe notamment plus de 200 lycéennes, provoquant des réactions d'indignations mondiales.
Boko Haram agit dans les pays frontaliers comme le Cameroun, Niger et Tchad. Il est responsable de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et est classé comme organisation terroriste par le Conseil de sécurité des Nations unies le 22 mai 2014.
Economie
Aujourd’hui le Nigéria est une puissance économique en Afrique et la première économie d’Afrique Subsaharienne. Le Nigéria représente 20% de l’économie de l’Afrique et 75% de l’économie de la CEDEAO. L’économie s’équilibre de la façon suivante:
Agriculture qui représente 25 % du PIB, l'industrie avec 22 % du PIB et les Services avec 53 % du PIB.
Les échanges commerciaux les plus importants se font avec l’Union Européenne, principal client et fournisseur du Nigéria.
Lagos en 2020
L’économie du Nigéria repose en grande partie sur les ressources pétrolières. Cependant, le Nigeria importe du pétrole raffiné pour les besoins internes car ses capacités de raffinage restent insuffisantes.
Le président Muhammed Buhari souhaite diversifier l’économie pour diminuer la dépendance au pétrole. En effet, il présente encore 90% des exportations et 75% des revenus budgétaires. Cette volonté de diversification permet l’émergence d’une classe moyenne équivalente à 20% de la population. Le Nigéria reste un pays où les inégalités sont nombreuses avec 55% de la population vivant sous le seuil de pauvreté mais aussi la multiplication des milliardaires. La corruption représente 10% de l’économie.
Politique étrangère
Le Nigéria est un leader en Afrique de l’Ouest ce qui lui accorde un poids économique et diplomatique.
Le Nigéria fait partie de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dont le siège est à Abuja, qu’il préside jusqu’en juin 2019.
Cependant il refuse encore un partenariat économique entre les Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO- UEMOA) et l’Union européenne. Il refuse également la nouvelle monnaie "Eco" pour remplacer le Franc CFA.
Il fait partie depuis 1964 de la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT) qui permet aux pays autour du lac Tchad de mener des actions coordonnées.
Il fait bien évidemment partie de l’Union Africaine et donne son accord pour rejoindre la Zone de libre-échange continentale de l’Union africaine (ZLEC) le 7 juillet 2018. Il rejoint l’OPEP en 1971.
Le Nigéria a une diplomatie active concernant les missions du maintien de la paix. C’est un contributeur aux casques bleus des Nations Unis. Il contribue aux contingents militaires de la Minusma au Mali et de la Minuad au Darfour .
Le Nigéria rayonne dans le monde également à travers sa diaspora, une des plus importantes du monde avec environ 17 millions, mais aussi ses industries culturelles et financières.
La culture nigériane à la conquête du monde
Entre cinéma, musique, art, la culture nigériane brille. Au delà de l’industrie cinématographique Nollywood qui rassemble des millions de téléspectateurs dans le monde autour de la culture nigériane, la musique, la “Naijja Music” a aussi réussi à conquérir le monde.
Les films sont tournés en langues africaines comme le Yoruba, le Haussa ainsi qu’en anglais reflétant la diversité culturelle du Nigéria.
Nollywood, aujourd’hui produit plus de films qu'Hollywood avec 2000 films par ans. C’est la deuxième plus grande industrie de cinématographique après Bollywood en terme de nombre de films produits. Ces films voient le jour dans les rues de Lagos dans les années 1990.
Avec la colonisation, les styles musicaux fusionnent, d’un côté les rythmes européens, de l’autres les chants traditionnels Yoruba et les rythmes des caraïbes.
Dans les années 50, August Agboola Browne est le premier artiste nigérian à enregistrer un album de jazz. Ce genre musical est dominant, avec notamment le saxophoniste Chris Ajilo (qui enregistre la première chanson afrobeat). Fela Kuti popularise le genre avec une série d’albums de 1960 jusqu'à sa mort en 1997 ce qui lui vaudra une reconnaissance internationale.
Fela Kuti - Why Africa is sow low today ?
Entre 1970 et 1990, Le reggae et le dancehall se popularisent au Nigéria. Style musical qui fera le succès de nombreux artistes comme General Pype, Felix Duke, Kupa Victory et Patoranking.
Aujourd’hui, les musiques nigérianes rencontrent un succès phénoménal dans le monde avec des artistes comme D'Banj, Darey, Banky W, Asa, Sound Sultan, P-Square, Wande Coal, Flavour, Davido, Wizkid, Bez, Tiwa Savage, Omawumi, Waje pour ne citer que eux.
Ambassadeurs
Le Nigéria ne manque pas d’ambassadeurs rappelant la grandeur de leur nation. Au niveau culturel, les références tels que Wizkid, David, P-square, Burna Boy ou Dj Banks sont incontournables. La Naija music est un pilier fondamental de la culture musicale de notre époque.
La famille Kuti, entre musique et activisme aura gravé son nom dans l’histoire du Nigéria. Fela Kuti révolutionne la musique en introduisant les premiers rythmes d’afrobeat et mène une lutte sans relâche pour la dignité du peuple nigérian en dénonçant les inégalités. Tempérament qu’il a sûrement hérité de sa mère Funmilayo Ransome-Kuti, fervente défenseuse des droits des femmes et militante pour leurs donner le droit au vote. Elle sera tuée par le gouvernement nigérian, ce qui brisa Fela Kuti.
Aliko Dangote
Aujourd’hui le Nigéria garde ses contrastes mais ne manque pas de montrer que c’est une terre d’opportunités où le rêve africain peut exister. Le Nigéria aujourd’hui porte l’homme le plus riche de l’Afrique Aliko Dangote et une femme entrepreneur Folorunso Alakija qui a fait fortune profitant de la manne pétrolière. Entre misère et milliard le Nigéria vacille.
Littérature
La littérature nigériane s’est dévoilée au monde lors de la colonisation à travers des auteurs dénonçant les dérives du colonialisme sur les sociétés africaines.
En mêlant l’identité nigériane et anglaise et les langues yoruba, Igbo, haussa à l’anglais, une nouvelle forme d’expressions naît. Un des romans et plus grands classiques marquant de cette période est le roman Chinua Achebe, Le Monde s'effondre. Aux indépendances, les auteurs comme Wole Soyinka, premier auteur africain à recevoir le prix Nobel de littérature en 1986, n’hésite pas à critiquer les régimes coloniaux et la perception et les ressentis de la population nigériane pendant cette période dont un des plus beaux exemples demeure la pièce de théâtre La Mort et l'Écuyer du roi qui puise son inspiration dans la colonisation britannique et sa rencontre avec le peuple Yoruba.
Chimamanda Ngozi Adichie
Aujourd’hui, une nouvelle génération d’écrivains fait revivre la littérature nigériane dans le monde. Une des figures les plus emblématiques est Chimamanda Ngozi Adichie qui traite plusieurs sujets dans ses livres tels que le féminisme et l’histoire nigériane comme dans L'Autre moitié du soleil où elle fait référence à la guerre du Biafra. Chibundu Onuzo, une jeune auteure très prometteuse, nous raconte les inégalités qui persistent au Nigéria avec son roman La fille du roi araignée , à travers une intrigue puissante où amour, haine, et secrets se côtoient. Ou Encore Ayobami Adebayo qui avec son premier roman "Reste avec moi" connait un succès mondial.
La littérature nigériane qui depuis le début ne cesse de nous nourrir et nous surprendre.
Sources:
- Amzat Boukari-Yaraba - Nigéria - De Boeck, 2013
- A history of Nigeria by Jide Olanrewajy Naij, Youtube, 2013, https://www.youtube.com/watch?v=KgrVHrTvxC8&t=1015s
- The History of Nigeria explained in 6 minutes, Epimetheurs, Youtube, 2018 https://www.youtube.com/watch?v=fMmkmHUAAO0
- Basic Nigerian History, ronuspirit, Youtube, https://www.youtube.com/watch?v=2hBB4JVTy_g
- A History of Nigeria. Toyin Falola
- History of West Africa Vol 1 ed. Ade Ajayi & Michael Crowder