Les sorties cinéma je m'en passerai... Les saisons de films s'enchainent et perdent de leur richesse . Les intrigues se ressemblent et suscitent les même émotions. #Tellement rabat-joie
Tristement parfois, je me retrouve dans une séance de film après avoir été influencée par les avis qui m'entourent ... Je fini par m'y résoudre, en terme de connaissance cinématographique, je suis bien influençable, mea culpa, je ne peux m'y prendre qu'à moi-même.
Finalement je fini par céder à l'appel d'une sortie cinéma. De nature ponctuelle, voir toujours à l'avance (c'est mon côté germanique ^^) je profite des bandes annonces qui se succèdent. C'est là que l'émerveillement atteint mon coeur. C'est la bande annonce de " Système K".
Système K est un film du producteur Renaud Barret, amoureux de la République démocratique du Congo. Il nous offre une oeuvre artistique qui ne vous laissera pas indifférent.
System K comme système Kinshasa
Kinshasa est la capitale de la République démocratique du Congo. Cette ville nommé Léopoldville du temps de la colonisation belge a été renommée ainsi en 1966 par Mubutu qui remet la culture congolaise au coeur du pays. Lui-même change de nom de Joseph-Désiré à Sese Seko. En kikongo Kinshasa signifie "marché au sel".
Les premières images nous présentent un spectacle dans les rues sombres d'un quartier où l'électricité se fait timide et où les premières folies artistiques émergent.
"Kinshasa eza ville ya performance, expression eza permanente"
De cartouches de fusils vides des statues sont érigées, de machettes soudées surgit une maison, de la flamme revit la toile, de la cire de bougie l'âme entre en transe, du plastique fondu se recollent les tristes réalités sociales. D'objets divers abandonnés renaissent des instruments de musique et enfin des combinaisons d'astronautes sont confectionnées.
Les images s'enchainent et la magie opèrent. Curieusement, je me retrouve entre la fascination et l'indignation. Fascinée par cet art qui nait à chaque coin de rue et qui a pour seule règle l'expression mais aussi l'indignation provoquée par les messages engagés qui en émanent.
La RDC est sans égal le pays le plus riche au monde en terme de ressources et il est pillé à ciel ouvert depuis bien trop longtemps. De ce pillage est née l'injustice où un peuple n'a pas accès à cette technologie qui, sans lui, ne verraient pas le jour. De ce pillage se multiplient les morts victimes d'un business juteux. De ce pillage est volé l'enfance de jeunes mineurs.
"Certains d'entre nous récupèrent et recyclent les déchets d'une consommation à laquelle ils n'ont pas accès"
Freddy Timba
Tous ces sentiments se multiplient et s'accélèrent dans mon esprit. Je suis conquise par cet art qui remplit son rôle. Je suis conquise par ces performances artistiques qui se retrouvent à chaque coin de rue. Je suis conquise par cet art engagé qui se veut pédagogique et qui éveil les consciences.
Dans cette effervescence créative je retiens les blessures, le déchirement, la survie dans un système rongé qui se vend à bas prix et laisse ses enfants mourrir de faim. Mais je retiens aussi la beauté et la folie créative, la puissance, l'énergie et l'amour pour un pays que l'on veut changer pour qu'il soit plus juste et qui se dédie au bien-être de ses citoyens avant tout.
Ce film m'a touché car il incarne la résilience et le combat d'une génération d'artistes qui à travers leurs créativité dénoncent et se battent pour la dignité et la construction de leur pays. La censure n'y changera rien car la censure est pourvoyeuse aussi d'excès créatif.
Système K n'est pas un juste un documentaire, Système K est un plaidoyer que je me fais l'honneur de partager à travers les oeuvres de Freddy Timba, Géraldine Tobe, Beni Baras et plein d'autres dont je salue le combat et le courage.
Exposition System K à la galerie BZZStudio www.b-zz.fr
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© Photographies (1 et 2) Renaud Barret
© Photographies (3) Au pays du baobab